Journal de bord de l'Harmattan
Sun, 29 Jul 2012 19:00:00 - 25° 00’W 42° 55’N
N° 542 - Mais quelle est belle ma vie !

21H00 en France, 19H00 heure du bord
Bonjour Ă  tous,

Dire que j’aurais pu rater une journée comme aujourd’hui, mais quelle est belle ma vie ! Pour vivre ces moments incroyables il faut tout simplement le vouloir. Chacun de nous est totalement responsable de la qualité de sa vie, on a la vie que l’on se fait.

Hier soir la partie de mon cerveau qui ne dors jamais me réveille à 23 heures, dans mon premier sommeil, pour me demander de me lever. Je ne constate rien d’anormal mais le speedo est très bas et je comprends immédiatement que le vent est en train de tomber et qu’il est temps de virer de bord pour partir au moteur en route directe sur Concarneau.

Je passe la tête dans le cockpit, la mer s’est totalement aplatie et le vent de NE ne souffle plus qu’à 5N. Je file dans la salle machine pour faire le niveau d’huile du moteur, pendant que je procède à l’opération le signal d’alarme se déclenche, c’est le pilote qui met les pouces, avec ce peu de vitesse, il ne peut plus barrer.
Je mets en marche le moteur, le bateau sur la route et je retourne, heureux, dans les bras de Morphée.

Au réveil, ce matin, je vois immédiatement que la journée va être paradisiaque. Il est maintenant 13h30, je viens de terminer de déjeuner. Je ne suis pas sur un lac, je suis sur une énorme glace, un véritable miroir sur 360 degrés, pas un souffle de vent, pas une ride.
J’aime la mer dans tous ses états, j’aime lorsqu’elle est en furie mais j’aime également lorsqu’elle est totalement assagie, calme et reposée. Quel sentiment de quiétude, d’apaisement. Le ciel est pur lui aussi, très bleu à la verticale, où le soleil est au zénith, puis de plus en plus laiteux en rejoignant la mer. A l’endroit où le ciel et la mer se rejoignent, sur 360 degrés, une ceinture de nuages ou plutôt de brume blanchâtre ou grisâtre participe également à ce sentiment de douceur et de tranquillité. Il fait frais mais pas froid, juste ce qu’il faut, comme un petit matin d’été. L’air est pur, savez vous qu’il n’y a pas de microbes en mer ?

Sur la bateau-radio du bord passe de la musique enregistrée sur RFM il y a un peu plus de deux ans, c’est bon, je suis bien. Le moteur ronronne gentiment et il ne me gène pas, l’étrave d’Harmattan ouvre la mer en tanguant légèrement et en faisant un léger bruit de soie que l’on déchire, c’est la douceur absolue.

J’ai longtemps pensé que j’aimais la solitude, mais cela me gênait un peu car j’aime également la compagnie et surtout j’aime partager. En fait ce que j’aime par-dessus tout c’est la liberté et la solitude apporte une liberté totale, la liberté de pouvoir vivre ces instants magiques que l’on ne peut manquer. Beaucoup de copains ne peuvent sortir en bateau qu’accompagnés, quelle contrainte ! Ils ne se rendent pas compte qu’ils passent à côté de moments inoubliables.

En milieu d’après-midi j’ai fait du « Whale Watch», c’est le terme consacré pour dire de l’observation de baleine. Sur mon tribord, à 300 mètres environ, j’aperçois le dos d’une baleine. Immédiatement, barre à droite toute, je fonce dans la direction. Malheureusement il n’y a rien, après avoir attendu un moment sur place je reprends ma route.
Quelques instant plus tard, je l’aperçois beaucoup mieux cette fois, toujours sur mon tribord, et également à environ 300 mètres de distance. Je recommence la manœuvre mais j’obtiens le même résultat.
Quand je remets en avant toute, je l’aperçois à nouveau, juste sur mon arrière. Elle souffle, je peux l’approcher, elle est belle, elle fait entre 15 et 18 mètres je pense. J’essaye de faire des photos mais je suis trop loin. Je ne sais pas de quelle espèce elle est, son aileron dorsale se trouve à peu près au milieu de l’animal. Elle souffle encore et lorsque je ne suis plus qu’à une cinquantaine de mètres, elle se laisse couler comme un sous-marin qui part en plongée. J’ai beau attendre plus d’une demi-heure, elle ne réapparaît pas.

Bonne journée pour la route, ce soir je ne suis plus qu’à 933 Miles de Concarneau, 404 Miles au compteur depuis le départ et 93 les dernières
24 heures.

A bientĂ´t.

Jean-Louis


"bonsoir amiral,
Quel lyrisme dans ce blog, tu es prêt pour un second tour du monde. prend garde aux sirènes ( pour l'instant tu ne n'intéresse qu'au baleines... c'est rassurant) dans le golfe de gascogne!!!
je lis que tout est ok, le bateau est au top et le capitaine a du boire une ou deux rasades de rhum ce qui le rend mélancolique. Il est temps que cette aventure se termine pour préparer la prochaine escapade nautique.
Ici à callela tout va bien . Nous sortons tous les jours en mer sur notre "barco" et découvrons à chaque fois de quoi nous émerveiller en rasant les cailloux des calanques et en mouillant dans des petits ports sauvages.
Tout va bien, marie se joint Ă  moi pour te souhaiter une bonne nuit.
bernard "


Envoyé par bernard lannion le 30-07-2012 à 19:58

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