Journal de bord de l'Harmattan
Thu, 26 Jul 2012 19:00:00 - 25° 22’W 39° 27’N
N° 539 - Et le mât ?



21H00 en France, 19H00 heure du bord

Bonjour Ă  tous,

C’est l’heure du test pour la réparation de l’emplanture de mon mât.
Après une nuit très calme, moitié sous voile et moitié au moteur à
cause du manque de vent, ce matin j’ai vu arriver de très loin le
changement. Où j’étais la mer était absolument plate et au loin elle
était blanche. Cela m’impressionne toujours, j’ai du mal à me faire à
l’idée de ces changements brutaux de conditions climatiques. Dans mon
esprit cela devrait être progressif mais ça ne fonctionne pas ainsi.

Je me prépare donc au choc, je prends un ris dans le génois et un
autre dans la grand voile. Cela ne suffit pas car l’anémomètre passe
de quelques nœuds à 22 Nœuds dans le nez. C’est du Nord Est. Je prends
immédiatement un deuxième ris dans le génois ainsi que dans la grand
voile. La mer se creuse rapidement et le bateau subit fièrement ces
conditions viriles. Je sors en pied de mât pour contrôler ma
réparation et la tension des haubans, tout va bien mais je n’étais pas
inquiet, je savais que le nécessaire avait été fait.

Je suis donc au près, l’allure la plus contraignante pour le gréement,
pour le capitaine également d’ailleurs, aussi je vais me recoucher et
je comate jusqu’en début d’après midi, lorsque le vent et la mer se
sont un peu radoucis. A cause de la dérive due au vent et à un courant
portant à l’Ouest, la trace de ma route fait un bel arc de cercle.
Cette nuit j’allais NNE et aujourd’hui, je vais NNW. Ce n’est pas très
grave, l’important est de faire du Nord pour aller chercher les bons
vents d’Ouest dans des latitudes plus élevées. La tentation serait de
partir plein Est mais le risque de se trouver alors englué dans les
alizés portugais serait important.

Le bateau marche bien, je suis génois trois ris, trinquette, grand
voile deux ris et artimon plein. Avec 15N de vent réel le bateau file
entre 5 et 6 Nœuds. Je trouve d’ailleurs qu’Harmattan marche mieux au
près maintenant, ce qui s’explique car l’étai est beaucoup plus rigide
qu’avant. Ces conditions de vent et de mer devraient perdurer un jour
ou deux avant de se transformer en pétole et j’espère toucher des
vents me permettant de virer de bord et de faire route directe sur
Concarneau dimanche ou lundi.

Je viens d’aller faire un tour sur le pont, je regarde le bateau
marcher, je reprends légèrement les différents réglages, qu’il est
beau tout fringant, en train de remonter la mer et le vent. C’est ma
dernière grande traversée avant un moment et cela va me manquer, il
faut que j’en profite à fond. Le convoyage de La Rochelle à Marseille
ne ressemblera pas à une traversée car je vais longer la côte avec
tous les problèmes inhérents. A Port Saint Louis du Rhône je vais le
mettre à sec, j’ai pas mal de travail, il faut que je démâte et que je
révise tout. Un tour de Méditerranée plus un tour du monde, plus de 40
000 Miles, cela use un bateau.

J’ai donc quitté les Açores mais je reviendrais. J’adore les îles, je
trouve que l’ambiance y est toujours particulière. Un exemple, il y a
des terrains aménagés pour piqueniquer un peu partout. Ces endroits
sont dans un état d’entretien remarquable avec des tables, des bancs,
de nombreux barbecue, souvent des toilettes et mĂŞme une aire de jeux
pour les enfants. En France tout serait tagué et saccagé rapidement
mais pas sur une île.

Ce soir je suis à 1050 Miles de Concarneau, 750 du cap Finistère, 107
Miles au compteur sur les dernières 24 heures et 127 depuis le départ.

A bientĂ´t.

Jean-Louis
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