Journal de bord de l'Harmattan
Sun, 13 Dec 2009 19:09:00 - 14°28 N 41°25’W
N° 53 - Un temps de demoiselles !



16H09 heure du bord, 20H09 en France
Bonjour Ă  tous,

Un temps de demoiselles ! C’est le temps qu’il fait ici, ce beau dimanche de décembre. Certains me parlent de weekend sur le canapé en regardant le feu dans la cheminé alors que la neige tombe à l’extérieur, tant mieux, j’adore Noël sous la neige, mais pour l’instant, Noël me semble à des années lumières.

J’aime cette expression « Un temps de demoiselles », que d’images cela évoque dans ma tête, une superbe journée de Mai ou de Juin avec ces demoiselles en longue robes amples de couleurs claire avec le corsage bien rempli, la petite ombrelle dans le même tissu que la robe et de beaux cheveux châtains qui cascadent dans leur dos.

Ici, c’est calme plat, la mer toute plate avec de temps en temps le dos d’un dromadaire qui passe et puis le ciel tout bleu avec quelques nuages blancs laiteux, un soleil qui tape fort avec un tout petit courant d’air d’a peine 8 nœuds et cela ne fait que décroitre.

Hier soir, c’était déjà très calme, le vent était tombé en dessous de 15 nœuds, aussi j’avais mis plus 10° de barre pour essayer d’avancer un peu. Puis, vers 3 heures du matin, le bateau prends fortement de la gite et parts comme une fusé. Je sorts, la mer est toute plate et le bateau file à 8,5 nœuds. Je reprends 10° pour atténuer un peu la gite et améliorer le cap et retourne me coucher.

Ma cabine est dans la pointe avant du bateau, c’est l’idéale. Si je suis tribord amure, je me calle entre le matelas et la coque bâbord et si c’est bâbord amure, je me cale sur la coque tribord. Même si la mer est formée, je suis bien calé et je dors comme un bébé. Où c’est compliqué, c’est dans le très petit temps en vent arrière, quand le bateau roule d’un bord sur l’autre car dans ce cas je roule également d’un bord sur l’autre et c’est impossible de dormir. Je dois dans ce cas caller mon corps avec des coussins.

Je ne sais pas comment font ceux qui ont une cabine centrale à l’arrière du bateau avec une allée de chaque côté. Je pense que c’est très bien au port et ça épate les amis lorsque l’on fait visiter mais à l’usage en mer, cela ne doit pas être top.

Dans la cabine avant, je suis juste à l’endroit où le bateau entre dans la mer et c’est un vrai régal de l’entendre ouvrir les flots et ensuite d’entendre l’eau qui ruisselle de chaque côté de la coque. Cette nuit j’avais l’impression d’être dans le train de nuit, genre « Trans Atlantique Express ». Le bateau fonçant à 8 nœuds sur une mer plate, il y a juste le bruit de l’eau et puis cette vibration caractéristique et le bourdonnement grave de la coque qui travail. Un bonheur.

Ce matin, progressivement le vent est tombé.

Comme c’est dimanche, le Capitaine à décidé que c’était jour de fête et pour commencer il a demandé à l’équipage de monter le spi. Raisonnable, le Capitaine, avant-hier le spi avait été rentré trempé et il faut le faire sécher. Content l’équipage d’avoir cette manœuvre à effectuer, c’est toujours très sympa la navigation sous spi.

Et puis, comme c’est fête, 20° de plus à la barre. Ah ! Il faut que je vous explique. Là où je suis, pour rejoindre la Martinique, il faut prendre une route à 270°, plein Ouest. Mais si je navigue en vent arrière, grosso modo, seule la grand voile travail et le bateau n’avance pas. Par contre, plus je prends de l’angle par rapport au vent et plus ma voile d’avant va travailler donc plus le bateau ira vite. Mais, revers de la médaille, je ne vais pas sur la Martinique et top ou tard il faudra empanner et redescendre en latitude. Du coup, il faut sans cesse jongler. Si je rajoute 10° de barre, le bateau va mieux mais je m’écarte de la route.

Comme il existe un courant qui porte globalement vers le sud et qui varie entre 0,5 et un nœud et que par ailleurs la direction du vent est variable, il faut sans cesse jouer sur le cap pour garder une vitesse convenable tout en ne s’éloignant pas trop de la route.

Nous disions donc, comme c’est dimanche, le Capitaine à ordonné, oui je dis bien ordonné de servir l’apéritif à l’équipage. C’était pastis avec petits gâteaux et saucisson ! Et à la fin du repas, deux carrés de chocolat noire !

Et puis cet après midi, il est prévu une bonne bière glacée. Aujourd’hui, comme la marque de mi parcourt est derrière, c’est une Desperados. On dit une Déspé. Vous savez, c’est cette bière qui se sert sans verre avec un quartier de citron dans le goulot. On la boit directement à la bouteille.

Bon, grâce à la belle chevauchée nocturne, grâce également au spi, merci le spi, et grâce au fuseau horaire qui nous à permis de faire tenir 25 heures dans une journée, nous avons parcouru 141 Milles. Pas mal, je m’attendais à bien pire. Bon, l’arrivé dimanche prochain c’est raté, attendons de voir ce qu’il va se passer dans les prochaines 48H car à l’instant où j’écris ces lignes, le vent est à 8 nœuds et malgré le spi nous n’avançons qu’a 4 nœuds.

Comme je n’ai pas grand-chose à faire d’autre qu’attendre le vent, je lis un peu. Pas beaucoup car je passe énormément de temps à rêver en regardant la mer. En ce moment je finis « Toutes ces choses qu’on ne s’est pas dites » de Marc Levy. Pas mal, pas mal du tout même. Pas étonnant que cet auteur est l’auteur Français le plus lu dans le monde. C’est l’histoire classique d’un père et de sa fille et ce père n’a pas accepté le garçon que sa fille avait choisi comme compagnon. Classique non ?

En ce moment c’est ma période Marc Levy. J’adore prendre un auteur et lire tout ce qu’il a écrit. Dans l’ordre si possible.

Voilà. Comme c’est dimanche, je voulais vous offrir un petit bonus. C’est une histoire que me raconte aujourd’hui Pierre-Yves sur mon mail privé. Je ne peux pas résister au plaisir de vous la faire partager.
Tout d’abord, un petit mot sur Pierre-Yves. Il fait parti des très bonnes choses que m’a apportées la dialyse.
Pierre-Yves, vous le connaissez, il me communique tous les jours la météo.

C’est un garçon formidable, d’abord un Néphrologue spécialiste de dialyse péritonéale mais également Chef de bord à cette fameuse école des Glénans. Lui c’est un marin, un vrai de vrai. Moi je ne suis qu’un vagabond des mers, je vais où le vent veut bien me pousser. Lui il est capable de vous parler de la route orthodromique et de vous expliquer la différence avec la route loxodromique. Malgré tout il reste simple et quel plaisir de passer du temps avec lui. J’espère un jour avoir le plaisir de le recevoir à bord et de faire un bout de voyage ensemble.

Je veux vous faire lire cette histoire pour vous faire comprendre que les marins vivent dans un monde merveilleux ou la limite entre la fiction et la réalité est difficile à cerner. C’est peut être cela qui explique aussi que la plupart des marin soient superstitieux.

Bien voilĂ  donc son mail :

Salut Jean-Louis,
comme tu avances vers des zones de calme relatif et que tu as le temps de lire un peu, aujourd'hui je vais te raconter une histoire extraordinaire, une histoire qui n'est pas dans les bouquins: l'histoire de la découverte du Banc Unicorn.
C'était au début du siècle.
Un marin solitaire comme toi, un pauvre gars traversait l'Atlantique, d'ouest en est. Il était parti du Brésil seul sur son voilier de 10 mètres, pour rejoindre Lisbonne. En pleine mer, alors que tout se passait bien, le gars a subi une forte tempète, pendant 3 jours sans interruption. Des vents de 50 Kts, et son régulateur d'allure ne marchait plus, c'était la bérésina. Il a barré pendant 48 heures non-stop, dans des conditions d'apocalypse. Il avait faim, il était crevé.
Lorsque ça s'est un peu calmé, le pauvre solitaire était à bout de forces, ivre de fatigue, il commençait à perdre le sens des réalités.
Puis, à l'horizon, il a vu une terre. C'était une île. Trop crevé pour descendre voir ses cartes, il a mis le cap dessus.
Cette île était paradisiaque. Il y avait une sorte de lagon d'eau calme, il s'est introduit dans la baie, soulagé. Il a vu des gens sur la côte, les a salué, ils ont répondu amicalement. Puis, à bout de force, il a jeté l'ancre, s'est assuré qu'elle crochait, et il est descendu dans le carré et s'est endormi immédiatement, quasiment d


"Bravo cap'tain,
Je vois que tu as enfin choppé les alysés, quel bonheur. Ta vidéo est très sympa, décidément ce morceau de guitare des Dire Strait est vraiment fait pour la voile. Le bémol semble venir de tes petits plats c'est vrai que ça ne donne pas envie...Je suis
sûr que d'ici peu les exocets poelés vont te ravir les papilles
Tu m'as appelé tout à l'heure, j'ai dégainé une 1/2 seconde trop tard....dommage.
Je suis ravi pour toi et Harmattan que sir Alysé soit enfin arrivé après cette météo de grand mère sur les 3/4 derniers jours.
Bon cap, bon vent, et bonne nuit
Jacky"


Envoyé par jacky Peudevin le 10-12-2009 à 23:51



"Météo du 11 décembre.
Salut Jean-Louis,
Tu as enfin pris le train des alizés, ils ne devraient plus te quitter avant un moment. Aussi loin que peuvent prédire les modèles, c'est à dire jusqu'au jeudi 17 décembre, tu auras du vent. ça va même peut-être un peu monter jusqu'à mardi.
Et puis, à partir de mardi 15 décembre il est prévu du plus calme < 15 Kts.
Dans cette chevauchée alizéenne, il va simplement falloir gérer le vent arrière car tu as actuellement du vent de 63° (et ton génois fasseye sur ton film !), il va adonner ENE et même plein Est à partir de jeudi.
Attention: zone de dépression tropicale orageuse à éviter prévue mercredi 16 par 12°N et 38°W, mais je pense que tu l'auras dépassée. Sinon pluie en-dessous des 10° N mais cela ne te concernera pas.
Bonne nuit sans manoeuvre !
Pierre-Yves
"


Envoyé par pierre-yves le 11-12-2009 à 00:42



"Bonjour,

Je te lis tous les matins, c'est que du bonheur aussi bien pour toi que nous.
Bon vent "d'y'alisés"
(du coté de Lyon on ajoute beaucoup de Y...)"


Envoyé par Claude le 11-12-2009 à 08:00



"bonjour jean louis
très heureux pour vous et harmattan. Ici ,a quimper nous attendons avec impatience vos courriers. Dans cette période maussade vous nous faite rêver. Nous aimerions être avec vous.
Profitez de ces derniers 1500 milles ,ils vont passer très vite.
bon vent
Noël"


Envoyé par morin noel le 11-12-2009 à 08:56



"Bonjour Amiral. De retour de 3 jours de déplacements professionnels beaucoup moins sexy que votre aventure, je prend connaissance des dernières nouvelles. Elles sont bonnes et je m'en réjouis. Je me souviens de ce jour ou, naviguant entre les Feroes et l'Islande, un rorqual curieux d'une bonne quinzaine de mètres etait venu chatouiller le bateau et cet autre jour ou, sur le Saint Laurent, la même petite bestiole etait venu "jouer" avec le Zodiac dans lequel nous nous trouvions. Moments inoubliables de beauté, de fluidité, d'humilité. Profitez en bien, ils deviennent rares.La bise aux sirènes.
Amitiés. GD et MD"


Envoyé par gd le 11-12-2009 à 10:08



"un coucou de nous toutes, ca y est vous tenez le bon bout, les vents vous poussent vers bon port. Vous avez l'air en pleine forme. Bon vent capitaine a bientot"

Envoyé par equipe d'infirmiere de Pontoise le 11-12-2009 à 13:02



"C'est vraiment que du bonheur ta vidéo Cap'tain!!! Merci de nous en faire profiter. A bientôt."

Envoyé par Paparazzi le 11-12-2009 à 18:34

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