Journal de bord de l'Harmattan
Sun, 08 Jul 2012 19:00:00 - 28° 37’W 38° 32’N
N° 528 - Des hommes courageux



21H00 en France, 19H00 heure du bord

Bonjour Ă  tous,

Dans quel état va-t-on laisser cette planète à nos petits enfants ? La
population de la terre ne cesse d’augmenter, il faut toujours plus de
ressources, plus d’énergie, plus de nourriture, plus d’eau … Nous
sommes en train d’assécher les réserves d’hydrocarbure, de vider les
océans de leur population, de produire toujours plus au détriment de
l’équilibre écologique et en plus nous empruntons tous les jours un
peu plus sur le dos des générations futures qui devront rembourser,
cela pour nous assurer un train de vie au dessus de nos moyens.

Ce qui m’a le plus marqué lors de ce tour du monde c’est la pêche
intensive au lamparo dans les mers de Java et de Chine, la mer
couverte à perte de vue de bateaux illuminés comme des arbres de Noël
en train de vider la mer en leurrant les poissons. Il y a Ă©galement
cette constatation que dans toutes les épiceries où je suis passé, un
linéaire important est consacré aux boîtes de conserve de thon. On en
trouve partout, à l’huile, à la tomate, en miettes, en morceau …
Comment peut-on espérer que l’espèce puisse résister à un tel pillage.
J’ai failli écrire « la ressource » ! Les « ressources » naturelles,
le pétrole, les poissons, le thon … Quel mauvais mot, ce ne sont pas
des ressources, ce n’est pas inépuisable, ce sont des trésors qu’il
faudrait sauvegarder.

Je suis contre tout ce qui est intensif, aujourd’hui on fait appel aux
satellites pour guider les bateaux « usine » sur les lieux où se
trouvent les bancs de poissons. Les baleines ont failli disparaitre Ă 
cause de cette pêche industrialisée où l’on tirait au canon sur les
cétacés. La terre est toute petite, on en fait le tour facilement.
L’humanité va droit dans le mur à vouloir la peupler toujours plus.

Je suis contre tous les pillages car il n’y a pas d’autre mot pour
qualifier ces actes, je suis contre toutes les méthodes industrielles
car c’est contre la nature, c’est de la triche. Par contre je suis
admiratif lorsque je vois des hommes avec leur seule intelligence,
leur courage et des armes rudimentaires affronter la nature. Je trouve
que dans ce cas c’est équitable, il n’y a pas de risque pour la survie
des espèces.

La pêche à la baleine s’est arrêtée ici en 1987, il y a 25 ans
seulement. Presque tout au long de l’année les cétacés, fréquentent
l’archipel, les cachalots entre juin et juillet puis les femelles
arrivent avec leur petit. Ce sont surtout les cachalots qui Ă©taient
chassés ici, des guetteurs postés sur les hauteurs inspectaient la mer
et lorsqu’ils voyaient le souffle d’une baleine l’alerte était donnée.

Les hommes se précipitaient alors pour mettre les baleinières à l’eau.
Ce sont de longues barques étroites, non pontées, d’environ 13m par 2,
dans lesquelles prenaient place 7 hommes. L’harponneur était à
l’avant, c’était un costaud capable de lancer avec vigueur ce lourd
harpon. Il fallait alors faire la course avec l’animal pour se
rapprocher presque à le toucher afin d’avoir quelques chances de
réussite. Tous ces hommes risquaient leur vie car un coup de queue de
la baleine sur l’embarcation et il ne restait plus que des allumettes.
C’étaient vraiment des hommes courageux. Et quelle victoire lorsqu’ils
revenaient au port avec un animal. Il n’y a pas beaucoup de différence
avec les chasseurs de mammouth pendant la préhistoire.

En 1987, lorsque la chasse a été interdite, les baleinières ont été
abandonnées, elles ont pourries sur place puis, petit à petit les
jeunes ont commencé à se rendre compte que c’étaient leurs racines,
leur patrimoine, et on a commencé à les restaurer. Comme elles sont
très étroites et légères, elles vont vite, elles peuvent également
être munies d’un mat et ce sont de très fin voiliers. Elles sont
peintes de couleurs vives, du blanc et du rouge ainsi que de l’ocre.
Leur nom est finement gravé dans une plaque décorée à l’avant.
Aujourd’hui des courses sont organisées, soit à la rame soit à la
voile et tous les jours des équipes s’entrainent dans le port.

Quel nul cet artisan, il m’avait dit de passer hier à 15h pour
récupérer ma pièce, j’ai attendu jusqu’à 16h30 mais il n’est pas venu.
Il n’a pas ouvert son container de la journée, je le vois depuis mon
bateau. Cela m’agace au plus haut point, comment peut-on être aussi
nul, pas de parole, pas de fierté, pas d’orgueil, qu’il est mauvais.
Du coup je suis au chômage technique, déjà au moins trois jours de
perdu. Demain je vais aller lui dire tout le mal que je pense de son
comportement.

Hier j’ai passé la matinée dans l’annexe à frotter la coque. C’est
beaucoup mieux, mais il y a beaucoup de coups et de griffures. Chaque
poque me rappelle un mauvais souvenir comme l’arrivée brutale de la
douane Australienne Ă  Thursday Island. Je vais devoir refaire une
peinture totale, coque et pont. Du boulot en perspective.

A bientĂ´t.

Jean-Louis


"au touquet temps trés moyen mais l'lair de la mer c'est divin bon courage jean louis bisous de roselyned"

Envoyé par roselynedemeestere le 10-07-2012 à 08:54

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