Journal de bord de l'Harmattan
Sun, 17 Jun 2012 19:00:00 - 27° 51’W 27° 29’N
N° 508 - A mi-chemin entre l’Afrique et l’Europe

21H00 en France, 19H00 heure du bord

Bonjour à tous,

A 15h03 je dépasse la marque de mi parcours, à 682 Miles de Mindelo et de Horta. Je suis approximativement sur la latitude du sud des îles Canaries et à 500 Miles environ de celles-ci. Cette première demie-étape aura été vraiment agréable alors que je m’attendais à quelque chose de très musclé. Depuis plusieurs jours le vent est constant en force et en direction, il souffle un petit 13N et le bateau se débrouille seul. Je n’ai aucun réglage de voile ni aucun ajustement de cap à faire. C’est un vrai plaisir.

La deuxième partie va certainement être plus difficile car je vais rentrer dans le cœur de l’anticyclone des Açores et les vents vont évoluer en force et en direction en permanence avec beaucoup de vent de face. Par ailleurs on ne peut rien prévoir car tout est instable et tout change continuellement. Je vais devoir faire appel au moteur et louvoyer pour essayer d’exploiter au mieux les veines de vent. Chaque Mile de gagné vers le nord sera une victoire. J’aurais aimé pouvoir engranger encore 200 Miles avant de devoir gérer cette situation mais je suis obligé de faire avec ce que l’on me donne.

Je viens d’échanger avec Pierre-Yves, qui m‘envoie la météo tous les jours, concernant la suite du voyage. Pour l’étape entre les Açores et la Bretagne je vais certainement devoir monter plein nord jusqu’à trouver les bons vents d’Ouest puis me laisser porter « bermuda à fleur flottant dans la brise chaude des tropiques de Bretagne » me précise-t-il. Le problème c’est que je n’en ai pas, j’avais prévu un ciré. Il va falloir que je trouve un bermuda à fleur à Horta. Peut être pas impossible.

Je viens de découvrir sur mes guides nautiques que je vais pouvoir échanger des livres chez Mid Atlantic Yacht Services, gratuitement qui plus est. Cela va me libérer et je vais pouvoir lire sans contrôler mon temps de lecture en permanence. J’avais emporté du travail à faire mais je dois reconnaître que j’ai du mal à m’y coller. Je passe la plus grande partie de mon temps nuit et jour sur la banquette bâbord du carré qui est sous le vent et qui me sert de couchette de quart. Je lis, je médite, je somnole, je dors, je profite du moment présent.

Depuis que je suis parti, il y a une semaine, la mer est vide, pas de bateau, pas d’animaux, que du ciel et de la mer à l’infinie. Et au milieu, un petit bateau, un beau bateau, légèrement gîté, scie la mer consciencieusement en projetant de part et d’autre des gerbes d’écume blanche qui décorent la mer dans son sillage. Que je suis loin de la France en ce moment, que je suis loin de toutes ces tracasseries sur l’avenir de l’économie, l’avenir de l’Euro, l’avenir même du pays.
Quelles sont les solutions ? Que pouvons-nous faire individuellement ?
Il va bien falloir un jour arrêter ce train fou qui se précipite droit dans le mur.

La sieste est finie, je m’aperçois que depuis un moment je beugle à tue-tête « Marie-Christine », cette fameuse chanson de Nougaro.
Comment est-t-elle arrivée ici celle-là, peut être fait-t-elle partie du millier de chansons enregistrées sur mon i-pod et que je fais passer en aléatoire. Dans tous les cas, cela montre que j’ai besoin de me défouler, je commence peut-être à avoir ma dose de repos et de calme.

Puis, à 16h50, je sors dans le cockpit pour respirer l’air du large.
Devant mois, à 13h, un trait vertical blanc, c’est une grand voile qui brille dans le soleil. Je cherche l’écho sur le radar, le voilier est à 5 Miles et il se rapproche. Je suis tout excité, il vient droit sur moi, je passe une chemise propre et un short, j’allume la VHF et sors les jumelles. C’est un voilier américain de 25m, parti de Tenerife il va aux Bermudes. Nous nous croisons à un Mile de distance, trop loin pour la photo. Je n’ai plus qu’à retirer chemise et short.

Ce soir le vent continue de faiblir, il souffle maintenant en moyenne à 8N aussi j’ai largué le ris de la grand voile et celui du génois.

119 Miles au compteur journalier, pas mal.

A bientôt

Jean Louis


"Salut, je suis ton parcours, tamnt mieux pour toi mais je pensais que ce serait plus dur, plus de pres serre avec des vents et de la mer plus forts, la tu as l air de te ballader, encore une fois tant Mieux . Tu ne peches pas ? tu n en parles pas . Bon vent, pour vu que le regime actuel continue, amities JL"

Envoyé par Jean Louis Pierrefeu le 18-06-2012 à 22:49

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