Journal de bord de l'Harmattan
Tue, 08 Dec 2009 19:00:00 - 17°55 N 31°00’W
N° 48 - Milles manĹ“uvres



16H00 heure du bord, 19H00 en France
Bonjour Ă  tous,

Milles manœuvres ! C’est très fatigant le petit temps, depuis deux jours je n’arrête pas de manœuvrer. Et les nuits c’est pire.

Hier soir, au moment de passer à table, le vent se renforce un tout petit peu à 12 nœuds et tourne un peu plus nord.

Pour ne pas fâcher la nature, je coupe le moteur, déroule le génois et prends 20° de plus sur le cap pour bien gonfler les voiles. Harmattan part tranquillement à 4 nœuds. Je suis content.

Vers 23H30, je suis réveillé par la gite importante. Le vent est monté vers les 18 nœuds, du coup je dois me lever, ouvrir la descente, monter dans le cockpit et reprendre 15° au cap. Le bateau file entre 6 et 6,5 nœuds. C’est le paradis, je retourne me coucher heureux.

Puis vers 1H30 je suis réveillé par le génois qui bat. Lever, ouvrir la descente, monter dans le cockpit : Plus que 10 nœuds de vent, le bateau marche à 3 nœuds !
Je roule le génois et remets le moteur en marche à 1200 tours. Mince de mince, ce ne sera pas pour cette fois ci.

Ce matin, 10 nœuds puis en milieu de matinée, le vent forci à 12 nœuds.
Tiens, je vais essayer de mettre les voiles en ciseaux, grand voile et artimon sur tribord, largement ouvert avec une retenue de bôme (C’est un cordage qui empêche la voile de changer de bord) et génois sur bâbord. Cela roule pas mal mais je marche entre 4,5 et 5 nœuds.

Une heure plus tard, juste le temps de la photo, le vent retombe entre 8 et 10 nœuds. Obligé de manœuvrer à nouveau, rouler le génois et démarrer le moteur. Dépité !

Depuis une heure, c’est reparti, vent entre 15 et 17 nœuds, le bateau marche entre 5 et 6 nœuds. Pourvu que cela tienne !

Bon j’ai encore au moins 450 litres de gasoil mais je suis toujours très prudent. J’aime bien avoir de la marge.

Ce matin je fini ma dialyse et je vais porter mes poches dehors pour les vider à la mer. Surprise, je suis en train de traverser un troupeau de baleines. Il y en a 6 ou 7, ce sont des baleines de taille moyenne, même pas a 10 mètres du bateau. Elles font du farniente en surface, elles sont tranquilles, pas effrayées du tout. Une donne un coup de queue, une autre sort la tête pour regarder passer le bateau, une autre encore envoie à 3 mètres un jet d’eau pulvérisée. Je suis émerveillé. J’ai l’habitude de voir des baleines mais souvent c’est une seule, parfois deux, un troupeau pareil, je n’en ai jamais vu.

Je dégringole dans le bateau, vite la caméra. Mince la carte mémoire. Dans le net book. Voilà. Mince, dans l’autre sens, du calme Jean Louis !

Quand je ressors, elles sont déjà à 50 mètres et c’est trop tard.

C’est très difficile à photographier les baleines car on ne peut le faire que lorsqu’elles sont côte à côte avec le bateau.

Ah ! Un coup de gueule !

Bon, je n’ai pas la télé à bord mais je sais que dimanche, le thème de l’émission « Zone interdite » sur M6 était « Du don de soi au trafic d'organes, jusqu'où peut-on aller pour sauver une vie ? »
L’émission traitait de l’insuffisance rénale, de la dialyse et de la greffe. Et bien sûr de ces gens qui vendent un de leurs reins.

Pourquoi dans cette émission n’a-t-on pas, semble t il, parlé de cette méthode de dialyse qui n’empêche pas de mener une vie normale et épanouie ?

Je peux comprendre ces gens qui pour survivre et faire vivre leur famille vendent un de leurs reins. Je peux comprendre ces gens, qui, en hémodialyse, devant se rende à l’hôpital un jour sur deux pendant une demie journée se décident à acheter un rein pour sortir de cette prison.

Par contre je ne peux pas comprendre que l’on oriente plus facilement les malades vers l’hémodialyse que vers la dialyse péritonéale.
Je ne peux pas comprendre que ce sont souvent des critères qui n’ont rien à voir avec l’intérêt du malade qui dictent cette orientation.
Je ne peux pas comprendre que les pouvoirs publics laissent cette méthode de dialyse de côté alors que c’est une révolution pour la qualité de vie du malade et qu’en plus elle coûte énormément moins cher à la société.
Enfin je ne peux pas comprendre que les journalistes de M6 n’aient pas parlés de cette méthode de dialyse qui permet aux malades d’attendre sans aucune impatiente leur future greffe.

Voilà, j’espère, par mon aventure, montrer que l’on peut vivre normalement en étant dialysé et qu’il y a d’autres alternatives qu’être prêt à tout pour acheter un rein qui fonctionne.

Revenons au milieu de l’Atlantique. Toujours sous voiles et sans moteur, le bateau marche à 5 nœuds, une petite prière pour que cela tienne.

Je viens de passer le 18 éme parallèle, je continue à descendre dans le sud en espérant trouver plus de vent. Sur ces dernières 24 heures, j’ai parcourue 132 Milles. Il commence à faire très chaud, surtout quand il n’y a pas de vent. J’estime en avoir encore pour une douzaine de jours est j’espère arriver vers le 20 décembre à Fort de France. Mais tout va dépendre de la bonne volonté des Alizés. (Vous avez vu, j’ai mis un A majuscule exprès à Alizés, cela peut, peut-être, aider.)

Ah,j'ai oublié, une heure de plus de décalage horaire, ici 16H, en France 19 H.

Bonne soirée, à demain.
Jean Louis


"Merci pour la journée à bord ! Bien rentrés pas trop de monde sur la route juste quelques mouettes :)
La prochaine fois on s'occupe des verres on voudrait que tu sois obligé de boire le vin directement au cubi ça ferait un peu poivreau.
En attendant bonne route. Bisous."


Envoyé par AF, Didier & Co le 05-12-2009 à 19:59



"Alors là, chapeau bas Cap'tain, on s'y croirait vraiment! On était vraiment sur le bateau à partager ta journée. Merci pour la balade.
Bonne nuit."


Envoyé par Paparazzi le 05-12-2009 à 22:57

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