Journal de bord de l'Harmattan
Fri, 16 Mar 2012 19:00:00 - 12° 51’W 4° 25’S
N° 469 - Une nuit difficile

20H00 en France, 19H00 heure du bord

Bonjour Ă  tous,

Quelle nuit difficile !
En début de nuit, le bateau avance bien mais étant dans l’axe du vent
et la mer étant formée, il roule énormément d’un bord sur l’autre à
tel point que parfois les passavants sont sous l’eau. Il fait lourd,
le bateau est extrĂŞmement bruyant car tout change de place Ă  chaque
coup de roulis et en particulier la vaisselle. Par exemple la rallonge
de la table du carré s’écarte lorsque le bateau roule sur tribord puis
elle est ramenée violemment sur la table lorsque le bateau revient ce
qui produit un grand « Clac ». Le gréement fait également beaucoup de
bruit. Dans ces conditions, comment dormir.

A trois heures du matin je ne dors toujours pas lorsque les grains
arrivent. Maintenant il faut ĂŞtre en permanence en alerte, sur le pont
pour régler la grand voile en fonction des humeurs du vent et être
prĂŞt Ă  agir si celui-ci monte brusquement, mais Ă©galement Ă  la table Ă 
carte pour suivre l’évolution des orages.

Ce n’est qu’à cinq heures que je peux enfin aller m’allonger et
essayer de trouver le sommeil.

En milieu de matinée, après de nombreux jours plein vent arrière, dans
des conditions de confort très moyen, je n’en peu plus et décide de
changer de bord en remontant plein Nord. Est-ce la bonne décision ? Je
n’en sais rien, l’avenir le dira. Peut-être aurait-il fallu continuer
un jour de plus de faire du NW ?

Immédiatement c’est le bonheur. Le bateau s’appuie sur sa voile et il
est beaucoup plus stable. Il n’y a pas trop de vent et étant grand
largue, je décide de sortir le génois en le ménageant. Immédiatement
la vitesse passe Ă  7 NĹ“uds, cela change tout. Je file droit sur
l’archipel des Bijagos à environ 980 Miles.

Je vais voir régulièrement comment évolue la réparation de mon génois.
Pour l’instant ça tient, mais dès que je vais être dans le pot au
noir, lorsqu’il n’y aura plus de vent, je vais le recoudre. Frédéric
m’a dit de faire des points d’un centimètre. Cool ! J’espère qu’il va
tenir d’ici là. Il faut que je garde un cap suffisamment éloigné du
lit du vent pour qu’il reste gonflé en permanence. Le pire ce serait
qu’il se dégonfle et se regonfle en claquant violemment. Il ne faut
pas non plus qu’il se gonfle trop car alors les forces sont très
importantes.

A cette vitesse, mon alternateur d’arbre d’hélice fait des merveilles,
il compense absolument la totalité des consommations du bord et je
n’ai pas besoin de démarrer le groupe électrogène. C’est super top !

Après cette triste fin de nuit, le temps est revenu au beau. Il fait
chaud mais comme je suis au grand largue, le vent apparent est plus
important et c’est très agréable.

Et puis, le soir arrive et je redeviens raisonnable, je roule le
génois et repars au NW sous grand voile seule. Je perds entre un nœud
et un nœud et demi de vitesse et surtout le bateau se remet à rouler
très inconfortablement. Mais il faudrait que je gagne encore trois ou
quatre degrés vers l’ouest pour être bien dans huit jours. La grande
croisière c’est ainsi, il faut prévoir à long terme ce qui va se
passer.

J’ai en tous cas passé une super journée et ce qui est pris n’est plus
Ă  prendre.

128 Miles au compteur ce soir, 906 sur une semaine depuis mon départ
de Saint Hélène.

A bientĂ´t.

Jean Louis
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