Journal de bord de l'Harmattan
Tue, 14 Feb 2012 17:00:00 - 19° 58’E 34° 52’S
N° 438 - Le cap de Bonne EspĂ©rance

18H00 en France, 19H00 heure du bord

Bonjour Ă  tous,

Je suis actuellement dans cet endroit mythique qu’est le cap de Bonne
Espérance, le cap de Good Hope, le cap Agulhas, le cap des aiguilles,
le cap des tempĂŞtes, la pointe extrĂŞme sud du continent africain. Je
viens de passer la ligne imaginaire entre les océans Indien et
Atlantique Ă  exactement 18h43, je suis donc maintenant dans
l’Atlantique, au revoir l’Indien.

Je pensais que ce cap Ă©tait un rocher aride, et bien non, il y a plein
d’habitation, c’est carrément une ville.

Je suis Ă  la limite la plus australe de mon tour du monde. Je suis
parti hier soir au moteur, la mer est belle malgré une grande houle de
SW. Puis vers 11h ce matin, un vent d’WSW s’est levé dans les 10, 11
nœuds me permettant d’accélérer un peu le rythme.

Je suis content de retrouver l’Atlantique mais je suis heureux et
fière d’avoir effectué en solitaire ce difficile parcourt entre le sud
de Madagascar et le cap de Bonne Espérance. Quelle leçon de navigation
! Il y a peu d’endroits au monde où les courants sont si importants
sur de si longues distances. Cela oblige à réfléchir différemment de
nos habitudes. Ici, avec des courants pouvant dépasser les 6N, tout
change. Le bateau peut avancer avec sa ligne de foi à 70° de sa route,
cela modifie tout et en particulier la route possible par rapport Ă  la
direction du vent.

Par exemple, ce matin mon routeur météo, Pierre-Yves, m’annonce un
vent de face Ă  partir de midi. Dans un autre endroit du monde, cela
n’aurait pas été une bonne nouvelle mais ici au contraire, c’est le
bonheur. En effet, j’ai un courant traversier de deux nœuds qui porte
plein Sud, ma route est WSW. De ce fait la ligne de foi de mon bateau
est WNW et ce vent me permet de remonter pile en face du vent, au
près, à la vitesse de 6N, sans tirer de bords !!!!

Tout va bien jusqu’à une quinzaine de Miles du cap. Le courant évolue,
le vent se renforce et j’ai l’impression alors, faisant route de
Porquerolles à Marseille, de passer le cap Sicié par fort mistral.

Je pense aux anciens navigateurs, dans les années 1500, qu’ils étaient
courageux de s’aventurer dans des endroits si redoutables avec le peu
de moyens qu’il y avait à l’époque pour prévoir la météo. D’ailleurs,
Bartolomeu Diaz est mort noyé lors d’une tempête quelque temps après
avoir atterri Ă  Mossel Bay.

Aujourd’hui, c’est beaucoup plus facile, on a des prévisions météo à 7
jours et, même si parfois un coup de vent qui n’avait pas été prévu se
produit, dans l’ensemble cela rend ce parcourt moins risqué. C’est,
dans tous les cas, beaucoup moins dangereux que de se heurter aux
pirates Somaliens.

Au niveau de ma santé, je suis en pleine forme. Mon greffon a l’air
heureux de sa nouvelle vie. Je pratique toutes les semaines une
analyse de mon taux de créatinine grâce à ce petit boitier magique. La
semaine dernière le résultat était de 133 et cette semaine de 111.
Incroyable ! J’ai hâte de faire un examen dans un laboratoire pour
voir si ce résultat se confirme, ce qui serait vraiment une très bonne
nouvelle. De toute façon, lorsque je voyage en bateau, tous les
résultats de mes examens sont nettement meilleurs que lorsque je vie à
terre.

121 Miles au compteur depuis hier soir.

A bientĂ´t.

Jean Louis


"Bjr J-L.
Max garde un super souvenir du Cap où il était en vacances il y a 1 an. Moi connais pas , j'allais juste à Jo'burg lorsque j'habitais au Mozambique. Votre voyage est loin d'être fini mais je pensais à un voyage que j'aimerai faire , c'est le trajet des 49ers: au milieu du 19ème vers 1849 d'ou 49er. C'est d'ailleurs le nom de l'équipe de baseball de San Francisco de nombreux européen parmi lesquels bcp de français ont embarqués pour la Californie où les nouvelles de découvertes d'importants filons d'or ont provoqué une fièvre démente . Mais le canal de Panama n'existant pas encore il fallait passer par le Horn et aller vite. Les chantiers se sont mis à construire des voiliers à 4 et 5 mâts surtoilés pour transporter les aventuriers chercheurs d'or un peu déglingo. C'est une route historique, intéressante et difficile, Je rêve de vous retrouver à San Francisco, rouler sur les vieilles pistes des 49ers et longer la côte californienne ou se trouvent une bonne quantité des plus beaux voiliers de toutes les époques."


Envoyé par Hubert Durand le 16-02-2012 à 11:29

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