Journal de bord de l'Harmattan
Thu, 03 Mar 2011 13:30:00 - 81° 47’E 6° 27’N
N° 304 - Le Tsunami du 25 dĂ©cembre 2004



14H30 en France, 19 heures heure du bord,

Bonjour Ă  tous,

Ce qui m’aura frappé dans cette ballade, c’est l’ampleur de la zone dévastée par le Tsunami du 25 décembre 2004 et la catastrophe épouvantable que cela a été.

Partout où l’on passe, celui-ci se rappel à notre souvenir. En Thaïlande, des chemins de dégagement ont été créés un peu partout qui montent sur les hauteurs, des panneaux omniprésents rappellent la conduite à tenir en cas d’alerte et les routes de fuite sont fléchées. Le long des plages, on peut voir les ruines des constructions démolies.

Dans le port de Chennai, le Tsunami a été terrible, la mer est montée jusqu’au dessus du deuxième étage des bâtiments en coulant dans le port un cargo de plus de 120 m de long. Il est actuellement en train d’être démonté sur place. Heureusement, la catastrophe s’est produit un dimanche et le port était fermé ce jour là.

Le Sri Lanka fut extrêmement touché lui aussi avec 40 000 morts, la vague de 6 m de haut emporta tout sur son passage, bateaux de pêche, voitures, maisons et même un train qui transportait 1700 personnes. Elle pénétra de 5 km à l’intérieur des terres.

Depuis hier soir la navigation le long des côtes du Sri Lanka est difficile. En début de soirée le vent est tombé et il a fallu mettre le moteur en marche puis, avec la nuit les pêcheurs sont apparus. Ici point de lamparo comme en mer de Java, en mer de Chine ou en mer d’Andaman, ce sont des « trappes », ces filets dérivants en forme de grands V disposés perpendiculairement à la côte. Les deux pointes extérieurs du V peuvent être à plusieurs kilomètres l’un de l’autre et sont matérialisés par des bouées qui clignotent bleu et rouge.
Au centre du V se tient un petit bateau de pêche. Ils attrapent ainsi les poissons qui migrent du golfe du Bengale vers la mer d’Arabie.

Nous longeons la côte à environ 25 miles au large, il y a 3000 mètres de fond, tous les deux miles environ il y a un filet, il y en a à perte de vue sur tribord et à perte de vue sur bâbord. Un voilier qui ne serait pas construit spécifiquement pour gérer ce genre de difficulté ne pourrait pas passer par ici. Avec Harmattan je suis serein, lorsqu’il arrive sur un filet, l’avant de la quille qui est très inclinée le force à plonger puis le filet glisse sous la quille pour ne ressortir qu’après le gouvernail.

Il me reste cependant à veiller les bateaux des pêcheurs, ce sont de petits bateaux et le radar ne les voit qu’au dernier moment. Du coup j’ai très peu dormi, quelques fois 10 minutes entre deux alarmes radar et c’est tout. A 7h30 je n’en peu plus, je réveil Jacky et vais faire un petit somme.

Un peu avant midi, ce sont deux énormes orages qui nous arrivent dessus avec du vent en plein dans le nez. Nous prenons deux ris dans la grand voile et changeons de cap en nous rapprochant de la côte pour garder un peu de vitesse. Cela devient de la navigation musclée et nous déjeunons d’un paquet de chips et d’un canon de rouge.

Puis toute l’après midi, ce sont des pluies continuelles, assez fortes, la visibilité est très mauvaise, le radar est inopérant avec toute cette pluie et je dois passer une bonne partie de l’après midi à surveiller si il n’y a pas de pêcheur sur l’avant du bateau. Tout est mouillé à bord, heureusement il fait chaud et nous sommes en maillot de bain.

Ce soir, vers 18h un bateau de pêche arrive droit sur nous, le pêcheur à l’aide de grands cris et force geste nous explique que nous ne pouvons pas passer, qu’il y a des filets partout. Il ne sait pas qu’Harmattan est pourvu d’une quille longue et que contrairement à la plus part des bateaux, cela ne nous gêne pas.

Au dîner ce sera nouille corned-beef car nous avons épuisé nos stocks d’œufs et de saucisses.

Voilà pour aujourd’hui, une journée un peu triste qui se termine avec toute cette pluie. Il fera plus beau demain. Nous avons parcourut 125 miles ces dernières 24h et il reste 105 miles pour arriver à Galle où nous devrions arriver demain en fin d’après midi, avant la nuit j’espère, sinon nous devrons faire des ronds devant toute la nuit.

A bientĂ´t.

Jean Louis
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