Journal de bord de l'Harmattan
Fri, 25 Feb 2011 13:30:00 - 80° 17’E 13° 05’N
N° 299 - Le coĂ»t d’une telle Ă©vacuation ?



14H30 en France, 19 heures heure du bord,

Bonjour Ă  tous,

Dans vos commentaires, Romi a écrit «Je me demande quel est le coût d'une telle évacuation ? »
Je dois dire que je m’attendais à un tel commentaire. Un certain forum sur « Hisse et Ho » m’y avait préparé (voir le début de mon tour du monde).

On est en droit bien entendu de se poser cette question mais cela n’aura pas grand intérêts tant que l’on n’aura pas répondu clairement et de façon définitive à la question « Que vaut la vie d’un homme ? »

Sur terre comme en mer, tous les jours des millions d’hommes travaillent pour sauver ou tout simplement maintenir en vie d’autres hommes. Si nous pouvions donner une valeur à la vie d’un homme, cela révolutionnerait le monde. Peut être pourrions nous nous apercevoir qu’il serait beaucoup plus rentable de fermer les casernes de pompiers, on pourrait peut être également fermer les hôpitaux qui sont un gouffre financier, mettre au chômage tous les docteurs, réduire considérablement le nombre de pharmacies, fermer les cliniques, les dentistes ... Les laboratoires médicaux, les sociétés de technologie de pointe fabriquant ces appareils médicaux très coûteux pourraient eux aussi fermer. Ah, j’oubliais, il y a également l’armée. Tous ces militaires qui protègent notre vie, quelle source d’économie ! Bon, pour être tout à fait honnête, il faudrait embaucher un peu dans les services de pompe funèbre, mais le bilan financier serait je le pense encore positif.

Il y a des centaines de millier, peut être des millions d’êtres humains en mer tous les jours, marine marchande, pêcheurs, militaires, croisiéristes, plaisanciers … Ils ont droit tout comme sur terre à la protection du SAMU et à l’assistance des pompiers. Cela a un coût bien entendu mais il faut également le relativiser. Quand un bateau militaire se porte au secours d’un marin, quel est le coût pour la société ? Une frégate, quelle fasse une patrouille de routine (tiens, justement il y en a une qui rentre de patrouille et qui me tourne autour) ou bien qu’elle aille sauver une vie, le coût pour la société est le même.

En attendant, ici j’ai la sensation d’être puni. Je suis au coin. Quelle bêtise ai je fais pour mériter pareil traitement. Après presque un tour du monde, les endroits où j’ai été mal accueilli, c’était encore dix fois mieux qu’ici.
Un petit bateau de plaisance n’est pas fait pour être ancré en pleine mer comme un cargo, un porte container ou bien un tanker. Il aime trop la liberté. Ainsi entravé, il se cabre, il roule bord sur bord à tremper dans l’eau les listons. La nuit a été épouvantable, bien entendu je n’ai pas dormi.

Ce qui me rend furieux c’est que je suis parfaitement en règle. J’ai un visa valable jusqu’au mois de mai. Je vais vous expliquer comment les choses ont été manipulées pour m’interdire l’entrée du port. En Inde, il faut faire une clairance in lorsque l’on arrive de l’étranger. Ensuite chaque fois que l’on change de port à l’intérieur même du pays, il faut faire une clairance out en partant du port et une clairance in en arrivant dans le nouveau port. On a alors une clairance domestique qui nous interdit de nous rendre à l’étranger. Avant de partir pour l’étranger, il faut faire une clairance internationale. En partant de Port Blair, nous avons bien fait une clairance « DOMESTIC », c’est indiqué sur nos passeports, ainsi que sur tous les papiers mais ici, à CHENNAI, certainement en mesure de rétorsion, ils m’interdisent l’entrée du port en prétendant que j’ai quitté l’Inde et de ce fait, en raison des règles d’attribution de visa, je ne peux prétendre entrer à nouveau en Inde avant un laps de temps de deux mois.

Ce matin je n’en peux plus, j’ai photographié tous les documents qui prouvent mon voyage « DOMESTIC » au consulat. Lorsque je leur téléphone je comprends bien que la situation est inextricable. Vers 10 heures, le pilote du port vient me demander de quitter les lieux, « ma situation est dangereuse ». Je le sais bien que je ne suis pas bien ici. Je lève l’ancre et décide de rejoindre au plus vite le SRI LANKA. Cela va être un peu de la survie car je n’ai plus grand-chose à manger mais ce seras mieux que d’attendre encore 4 ou 5 jours en pleine mer pour partir tout de même au SRI LANKA ensuite.
Je n’ai plus de pain ni de gâteaux sec. Il me reste quelques chips que je pourrais avaler au petit déjeuner. Je n’ai plus de viande, plus de fruits, presque plus de fromage. J’ai 4 œufs, quelques saucisses et surtout au moins deux kilos de nouilles.

Midi moins le quart, je suis déjà à 5 miles de Chennai, direction le SRI LANKA. Mon correspondant au Consulat, Boris Dupuy de La Badonnière me rappel pour me dire qu’il ne faut pas que j’aille au SRI LANKA car comme je n’ai pas fait ma sortie officielle de l’Inde je risque de me faire jeter. Avec les documents qui prouvent que je suis en transit « DOMESTIC », ils ont contacté un officier d’immigration qui, a enfin reconnu que je pouvais rentrer dans le port. Il me conseil de forcer l’entrée, « ils ne vont pas vous couler ». Quel bordel, que cela me gave, ils vont finir ma me faire tourner chèvre. L’exploit lorsque l’on voyage en solitaire ce n’est pas de surmonter les tempêtes et de traverser les océans, c’est d’arriver à résoudre les problèmes administratifs.

Je fais donc demi-tour en étant tout de même très stressé par cette entrée en force dans un port que je ne connais même pas et de plus en solitaire. Il va falloir s’occuper du bateau tout en négociant à la VHF et en essayant de se repérer pour trouver un endroit où s’amarrer. Difficile, très difficile. Enfin c’est l’aventure, je l’ai voulu, je ne vais tout de même pas me plaindre.

A 13 heures je me glisse dans le port subrepticement en longeant la côte et en passant derrière la vedette de la police. Lorsqu’ils m’aperçoivent je suis déjà bien avancé dans le port. Ils arrivent full speed alors qu’une autre vedette arrive par l’avant. S’en suis une véritable bataille navale qui dure deux heures. Harmattan prends encore des gnons, ils m’aboient dessus, fous furieux, moi-même j’en ai autant à leur service, je leur hurle tout un tas d’insultes en français. Que cela me fait du bien après tous ces tracas. Ils ne veulent rien entendre et veulent me mettre dehors du port alors que je n’ai qu’une idée c’est de rester dans le port. Je finis par leur glisser une feuille où j’ai noté le nom et le téléphone de l’officier d’immigration. Ils l’appellent mais cela n’arrange rien, ils veulent quand même me mettre dehors du port. Ma grande force c’est que c’est moi qui tien ma barre à roue et qui actionne la poignée des gaz. Je n’en fais qu’a ma tête, alors ils hurlent. Enfin vers 14h30, une des deux vedettes s’en va chercher les officiers d’immigration. Ils montent à bord et constatent que j’ai bien mes papiers en ordre.

J’ai gagné, je rejoins la « marina » en les suivant. En fait de marina, c’est une flotte d’optimistes, ces tout petits bateaux pour apprendre aux enfants à naviguer.
Je commence par m’amarrer le long d’un quai qui s’écroule. J’esquinte ma coque. Ils me proposent ensuite de m’amarrer à couple d’une vedette de Coast Guard. Et là tout change. Je suis reçu par le directeur de la marina qui me traite comme un ministre, tous les Coast Guard montent à bord, on visite mon bateau, on m’attribue un jeune qui me conduit sur la moto du directeur de la marina à l’immigration et aux douanes. Le douanier est obligé de faire venir son chef car il ne sait pas remplir les papiers.

Encore plus fort, on m’attribut deux policiers qui se relaient pour monter la garde jour et nuit dans le cockpit d’Harmattan !

Je fini par découvrir que seul une fois, il y a très longtemps, un plaisancier allemand est passé par ici. Du coup ils ne savent pas faire et c’est pourquoi ils ne voulaient pas me laisser entrer.

Je n’ai maintenant plus qu’une idée, aller me coucher et profiter enfin d’un peu de repos.

A bientĂ´t.

Jean Louis


"bonjour jean louis
chaud,tres chaud.Encore une leçon de vie.Il faut parfois forçer le destin.Bon j'espere que vous allez vous poser pour recupérer de toutes ces émotions et avitailler le bateau pour la suite du voyage.J'éspére également que "Harmattan" n'a pas trop souffert de cette arrivée en force.Tres bonne anlyse du "combien ça coute"
Jean louis vous etes dans le fief des plus vielles motos du monde les Royal enfield.La fameuse Bullet 500.Nous vendons ce produit en magasin.Elles sont fabriquer a MADRAS.
Bon jean louis ,COURAGE ,prenez soins de vous.
bon vent
noel"


Envoyé par morin le 26-02-2011 à 10:43



"Salut l autre jean Louis, merci pour le coup de fil malheureusement cela a coupe et impossible de rappeler ?? J esper que tu vas pouvoir te tirer de la, bien content aussi de savoir que Jacky est ok. Quelle m.. ! si tu as besoin de quelquechose n hesites pas a appeler au secours, s il faut t envoyer des trucs, n importe quelle action qui puisse t aider. Je n ai pas beaucoup regarde ton blog ces temps ci car j ai du finir mon carenage fissa, il fallait liberer la place au chantiuer, puis essais du propulseur d etrave, et de la nouvelle position du guindeau, ( 87 cm plus en arriere) tout fonctionne parfaitement, maintenent il faut tout nettoyer remonter refaire une partie du vaigrage avant etc etc.. mais le gros du travail est fait, mais quel boulot !! avec les intemperies, la mise en place de trois implants, un arrachage de dent etc.. plus mon fils qui quitte la france et son boulot pour partir autour du monde a l aventure, a 25 ans il a raison mais bon je vais moins le voir.. bon courage l ami bon courage aussi a Jacky. j esper que vous allez pouvoir sortir de ce m... asap bon vent pour la prochaine etape amities a tous les 2 JL "

Envoyé par Pierrefeu Jean louis le 27-02-2011 à 17:51

Sommaire
Commentaire
Précédent
Suivant