Journal de bord de l'Harmattan
Thu, 29 Oct 2009 17:45:00 - Port Saint Louis du RhĂ´ne
N° 23 - TOUJOURS EN CAMARGUE



18h45 heure locale

Bonjour Ă  tous,

Eh oui, je suis toujours en Camargue.
Depuis 12 ans je vie trois semaines par mois à Port Saint Louis du Rhône. J’ai passé tout ce temps à refaire mon bateau. 15000 heures de travail. Tous les métiers. Dans un bateau il y a de la résine, du bois, de la mécanique marine, de l’électricité, de la plomberie, de l’électronique, du gréement, des cordages, de la peinture et surtout du ponçage, énormément de ponçage.

Harmattan est un des tous premiers bateaux en polyester. Il a été construit à Abidjan en Côte d’Ivoire en 1969. Il a donc 40 ans, ce qui est vieux pour un bateau. J’ai tout refait. Aujourd’hui on croirait un bateau neuf. Son architecte c’est Viktor Brix.

Quel beau bateau. Il a des lignes magnifiques, comme avaient les bateaux dans les années 1920, avec une belle tonture de pont. Ah ! C’est vrai, les lecteurs m’ont reprochés de ne pas expliquer les termes de marine.
Un pont peu être plat comme les bateaux modernes mais il peut également avoir une tonture, l’avant du bateau est très haut pour protéger le bateau de la mer, puis en revenant vers l’arrière le pont descends pour être au plus bas aux deux tiers avant du bateau, au niveau du cockpit, puis le pont remonte un peu pour protéger le bateau de la mer venant de l’arrière. Quand cette courbe est très harmonieuse, on dit que le bateau a une belle tonture de pont.

Souvent, en mer quand je croise d’autres bateaux, on nous prend en photo ou bien on me fait signe avec le poing et le pouce levé. Sur les pontons, les autres plaisanciers viennent voir Harmattan et j’entends « qu’il est beau ce bateau », « what a nice boat ». Souvent, la discussion commence et cela se finit par une visite du bateau.

J’aime la Camargue et j’aime les Camarguais. Ce sont des îliens. La Camargue c’est une île triangulaire entre les deux bras du Rhône et la mer. Comme tous les îliens, ils sont différents. Ils ont des mots à eux, des expressions. La Camargue que j’aime, c’est la vraie Camargue, celle du Sambuc ou des Salins de Giraux, pas la Camargue pour touristes des Saintes Maries de la Mer. Ici les gens sont attachants, pour s’y rendre il faut prendre le bac. Il y a un pont mais il se trouve à 30 kilomètres !

Souvent, les voyageurs parlent des paysages qu’ils ont rencontrés. Du sable blanc, de l’eau turquoise, des belles montagnes …. Moi ce que je recherche dans les voyages, c’est la rencontre avec l’autre. C’est l’échange, ce sentiment d’amitié intense que l’on peut éprouver pour cet étranger que l’on croise et que l’on ne reverra peut être jamais.

C’était en Turquie, l’été 2007, lorsque j’ai fait mon grand tour de méditerrané. C’est le soir, je vais mouiller dans une crique où il y a 20 ans nous avions passés une soirée avec, à l’époque un bateau de location. A cette époque, il y avait sous les pins une petite cabane qui faisait restaurant pour les rares navigateurs de passage et avec ma femme et les enfants nous y avions dîné.

L’endroit à beaucoup changé, il y a une plage aménagée et des vedettes rapides apportent des touristes de la ville voisine. Le soir nous allons, Francine et moi, dîner dans le restaurant. Ce n’est plus la cabane de l’époque, c’est une belle construction en dur. Ce sont des jeunes qui tiennent cet endroit. Au dessert je dis au garçon que, il y a vingt ans j’ai déjà dîné ici. Surprise, étonnement, émotion. C’est le fils, ses parents viennent de prendre leur retraite. On discute un peu mais il y a le service, on se dit que demain on se revoit pour parler plus. Et puis dans la nuit, le vent se lève fort, l’ancre dérape, il faut partir en catastrophe, que de regrets de ne pas avoir pu cultiver cette amitié.

Je me trouve bien bavard ce soir. Je suis toujours sur la plage Napoléon et mon copain Jean Louis va venir dîner avec sa compagne Brigite. Il faut que je fasse ma dialyse avant qu’ils arrivent aussi il faut que je vous quitte.

A bientĂ´t
Jean Louis


"en direct du Jelem, du Catway E du Port Napoleon.Grand Merci de ces récits parfois bien instructifs pour notamment la "bleue" de la marine. Nous nous sommes ainsi un peu évadés des soucis d'étanchéité de pont causés par les pluies torrentielles de ces semaines pendant que Jean Louis se baladait en short.En tout cas, bonne réacclimation terrestre avec tous ces projets et déterminations emplis d'espoir.
Joelle et Michel"


Envoyé par Debernardi et Buous le 23-10-2009 à 17:59

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