Journal de bord de l'Harmattan
Mon, 06 Sep 2010 10:00:00 - 142° 14 E 10°35 S
N° 199 - Thursday Island Harbour

12H00 H en France, 19 heures heure du bord,

Bonjour Ă  tous,

Un endroit du bout du monde. Pour arriver ici il faut vraiment en avoir envie. Imaginez une étoile composée de 6 ou 7 îles en travers des forts courants de marées entre l’océan Pacifique et l’océan Indien. Au milieu de cet amas d’îles, une toute petite île, une petite colline qui s’élève à 57 m dont le sommet est hérissée d’antennes en tout genre. C’est le centre névralgique de l’administration du « Torres Strait »

Entre toutes ces îles, des bras de mer de quelques centaines de mètres de large ont du mal à absorber les flux de marée et le courant qui est de 4 nœuds en général peut aller jusqu’à 7 nœuds ! Mais ce n’est pas tout, les « Trade Wind » comme ils les appellent ici, les vents du commerce, en fait les alizés se renforcent et soufflent presque chaque jour autour des 30 nœuds. Et puis dans les bras de mer, des hauts fonds, des roches, des récifs qui s’étendent de tout côté et qui obstruent presque totalement le passage. Sur la carte de nombreuses bouées, des vertes, des rouges, des jaunes, des bouées cardinales mais dans l’eau, tout cela a été détruit par les rudes conditions qui règnent ici.

Ce matin je me lève à 5 heures du fait du décalage horaire que j’ai pris hier et je lève l’ancre aussitôt. Il ne fait pas beau, ciel bas, peu de visibilité et il pleut par moment. Je trouve une position d’équilibre au largue pour Harmattan et j’arrive dans les chenaux entre les îles vers 13 heures sans pratiquement avoir barré. Ce n’est pas facile de passer dans tout ce dédale sans pilote. Je n’arrête pas de courir entre la barre et la cartographie.

Normalement il faut mouiller juste devant Thursday Island Harbour. Comme je suis discipliné je fais une tentative, il y a 4 nœuds de courant et 30 nœuds de vent qui arrive de la mer ! C’est l’apocalypse, la chaîne d’encre est tendue à l’horizontale, elle vibre, et le bateau fait des bonds comme un taureau pris au lasso.

Ce n’est pas raisonnable, je dois vite partir d’ici. Remonter l’ancre sans que le bateau aille s’échouer est déjà un exploit. Il faut maintenant traverser pour aller mouiller en face, sur l’île Horn. Quel parcourt compliqué il faut faire, juste pour traverser un bras de mer. Sans les bouées c’est un peu rock n’roll.

Sous l’île Horn, il y a deux ou trois bateaux de voyageurs. Je jette l’ancre, c’est quand même beaucoup mieux. Entre le courant et le vent le bateau trouve une position d’équilibre qui évolue avec la marée.

Normalement je ne dois pas quitter le bateau avant d’avoir vu la douane. Je passe mon après midi à appeler sur la VHF sans jamais pouvoir joindre personne. Le guide précise que certains ont attendus ainsi plus d’une semaine. Je ne crois pas que j’aurais cette patiente.

Après un bon repas (encore des œufs brouillés car je sais que la quarantaine va me les confisquer) et une dialyse, je démonte ma pompe réversible de pilote.

En fait c’est un moteur électrique qui fait tourner deux petits pignons qui s’encliquète l’un dans l’autre, le tout dans un logement ajusté. En tournant dans un sens ou dans l’autre, l’huile circule et fait aller et venir le piston. Hé bien c’est usé, le frottement a créé une petite bavure qui bloque l’engrenage et a fini par casser l’axe. Didier a réussi à trouver une pompe de remplacement et Francine s’active pour me la faire parvenir en exprès. Normalement je devrais l’avoir sous quatre ou cinq jours.

A demain.

Jean Louis

PS : Au moment d’envoyer cette news je m’aperçois que je n’ai plus accès à Internet. Je fini par trouver une solution avec un jour de retard à travers mon téléphone portable.
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