Journal de bord de l'Harmattan
Tue, 24 Aug 2010 08:00:00 - 163°47 E 16°27 S
N° 186 - Un train de sĂ©nateur

10H00 H en France, 19 heures heure du bord,

Bonjour Ă  tous,

Il n’est pas pressé de rentrer à la maison ce bateau, aujourd’hui c’est un train de sénateur. Entre 3 et 4 nœuds et puis c’est tout !

Un début de nuit assez rapide puisque, pour une fois, le pilote à décroché quand Harmattan est parti au lof. Fort de mon expérience récente j’ai immédiatement pris un ris dans la grand voile puis un deuxième pas longtemps plus tard pour passer une nuit tranquille. Les rafales montaient à 25 nœuds.

Mais cela n’a pas tenu, dans ma couchette j’ai bien conscience que l’on se traine mais j’ai la flemme de me lever. A quatre heures du matin je suis réveillé par le téléphone, le temps que je me lève celui-ci ne sonne plus. Peut être un plaisantin ou bien quelqu’un qui a oublié qu’ici c’est la nuit. Maintenant que je suis levé j’en profite pour faire un point. Il y a 10 nœuds de vent et l’on marche à 3 nœuds, je décide d’envoyer le moteur pour recharger les batteries et améliorer la moyenne.

Au réveil je hisse le spi et coupe le moteur. Pas très brillant, une route au 250 alors qu’elle devrait être au 285 ! Et moins de 4 nœuds de moyenne ! On voit que le carénage commence à dater. Je pense que j’aurais quand même dû en refaire un avant de partir de Tahiti, j’aurais très largement récupéré les deux jours que j’aurais perdus.

Je crois que mon problème de propulseur d’étrave n’est pas solutionné. Lorsque je suis dans la couchette avant j’entends l’hélice tourner. J’ai remarqué que la goupille de sécurité, qui permet de faire la liaison entre le moteur et l’axe de la boîte à engrenage est légèrement trop fine, peut être un dixième de millimètre. Du coup, elle est un peu trop libre et je pense qu’elle s’échappe simplement sous l’effet de la gravité. Ce qui m’a étonné c’est qu’il n’y avait pas de morceaux restés dans les logements. Si elle s’était rompu on peu penser que des morceaux seraient restés coincés. J’aurais dû la coller à la Loctite. Je vais être obligé de démonter à nouveau ce propulseur.

Jacques m’a donné une idée pour mon frein de bôme. Rappelez-vous, la fixation tribord que j’avais effectuée au travers du roof n’avait pas tenue et depuis un bon moment j’étais en mode dégradé. Grace à une sangle je l’ai fixé sur la cadène du galhauban. Cela me permet de retrouver toute son efficacité. Avec ce montage je suis un peu plus sécurisé contre les empannages involontaires. Maintenant je vois bien comment monter également un frein de bôme sur mon artimon en le prenant sur les cadènes de pataras.

Ce midi c’était petits poids carottes avec des copeaux de jambon sec passés à la poêle et par-dessus des œufs sur le plat. Quel bonheur ! Quand j’ai encore du pain je fais des œufs sur le plat pour saucer le jaune avec la mie, ensuite ce sera des œufs brouillés.
Et puis j’ai trouvé à Port Vila des petits camemberts bien crémeux. Après un repas pareil j’ai mis la musique un peu fort dans le carré. C’est ambiance disco cet après midi. Que c’est bon, je n’avais pas mis la musique depuis mon départ de Tahiti. En ce moment ce sont les Eagles, Hôtel California, un mythe. Du coup le vent s’y met lui aussi, je suis à 7 nœuds, le paradis quoi. Dommage cela ne tient pas plus longtemps que ce morceau.

Que j’aime la musique, cela me remue profondément, jusque dans les tripes. J’adore le disco, les années 80 et puis le R and B également. Je suis assez éclectique mais la musique classique ce n’est pas trop mon truc. J’adore les beaux accords, la guitare et puis les textes également. Et puis ce qui me touche au plus profond de moi c’est le rythme. Cela doit réveiller en moi mes instincts primitifs. Aux Marquises j’ai été extrêmement remué par ces danses et cet orchestre fait uniquement de percutions. J’ai l’impression que cela agit sur moi comme une drogue, je pense qu’avec une musique à base de percutions on peut abattre des montagnes.

Un après midi comme celui-ci fait partie des perles de vies comme dirait Goldman, 28 degrés, une mer plate, un petit vent de 12 nœuds, le bateau est bien et le capitaine aussi, que demander de plus ? Des amis ? C’est certainement ce qui me manque le plus ici, avoir les gens que j’aime près de moi.

15 heures 30, le vent est encore tombé, moins de deux nœuds maintenant. Ce n’est plus raisonnable, Mark Knopfler a beau gratter frénétiquement sa guitare, il faut réagir. Trêve d’indolence ! J’affale le spi et lance le moteur. J’en profite pour faire un peu de cap.
Je lance également le déssalinisateur pour faire un peu d’eau. J’ai fait deux lessives à Port Vila, cela consomme pas mal. Heureusement que j’avais prévu.

Hé bien ce sera tout pour aujourd’hui, 119 milles au compteur.

A demain.

Jean Louis
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