Journal de bord de l'Harmattan
Sat, 14 Aug 2010 07:00:00 - 177°49 E 19°12 S
N° 176 - J’ai la mĂ©moire qui flanche

9H00 en France, 19 heures heure du bord

J’ai la mémoire qui flanche, je ne me souviens plus très bien ce que j’ai pu faire hier. Ce que j’ai fait jeudi je m’en souviens parfaitement, mais pour vendredi c’est un grand trou noir. Ce n’est pas Alzheimer ce truc ?
Un vendredi 13 en plus, j’ai certainement joué au loto et j’ai peut être gagné le gros lot. Mais où j’ai pu bien mettre ce ticket ?

Dans tous les cas cela me fait un drôle d’effet. Moi qui aime toujours vivre plus vite que le temps, je suis servi. Ce matin j’ai avancé ma montre d’un jour et en milieu de matinée je me suis aperçu, tout comme Phileas Fogg, ce héros de Jules Vernes, que je n’avais pas pris cela en compte dans mon planning. Je pensais arriver au Vanuatu mardi avec quatre jours d’avance mais comme je viens de perdre un jour de vie je n’y serais que mercredi. Du coup plus que trois jours d’avance, c’est un jour de repos au Vanuatu qui saute.

Encore une nuit difficile où j’ai très peu dormi. Le vent se maintient entre 20 et 30 nœuds mais la mer est forte et comme je suis presque vent arrière, que je ne veux pas prendre trop d’incidence pour ne pas faire deux fois la route, le bateau, qui n’est pas appuyé sur ses voiles, roule énormément rendant la vie à bord très pénible.

Je sors du territoire des îles Fidji, direction l’archipel suivant, l’archipel des Vanuatu. Situé à l’Ouest Nord Ouest, à 550 milles environ. Je vais faire un stop à Port Vila pour me reposer, travailler sur le bateau et refaire un avitaillement qui devra me mener jusqu’à Darwin, en Australie, 2350 milles plus à l’Ouest.

J’espère pouvoir trouver quelques batteries neuves à Port Vila car les miennes sont en train de rendre l’âme. En partant de Marseille j’avais dix batteries et je mettais le groupe en marche tous les quatre jours, aujourd’hui je n’ai plus que 5 batteries en service et je dois faire tourner le groupe trois fois deux heures tous les jours ! Je pense devoir passer à quatre fois par jour très rapidement. Il est grand temps que j’arrive.

En milieu d’après midi le temps s’est amélioré. Le vent a progressivement baissé d’un cran pour passer autour de 17 nœuds et la mer s’est aplatie comme par miracle. Que cela fait du bien. Du coup j’ai hissé la grand voile et je tire un bord tribord amure droit sur Port Vila. Je vais enfin avoir une vraie nuit de repos.

Avec 132 milles, c’est encore une bonne journée ?

A demain

Jean Louis
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