Journal de bord de l'Harmattan
Thu, 12 Aug 2010 07:00:00 - 177°21W 18°47S
N° 174 - Sur la route du retour Ă  la maison



19 heures J-1 heure du bord,

Bonjour Ă  tous,

Une grande nouvelle ce matin, je suis sur la route du retour. J’ai fini de m’éloigner, je commence à me rapprocher. C’est en effet au milieu de la nuit que j’ai coupé le méridien opposé à celui qui passe à Marseille. J’ai déjà effectué la moitié d’un tour du monde. J’ai parcouru la moitié de cette planète que l’on nome « Planète Terre » alors qu’on devrait l’appeler « Planète Mer ». Les terres sont extrêmement minoritaires et ne représentent que des gros îlots flottants sur toute cette masse liquide.

La nuit s’est mieux passée que la précédente, un tout petit peu moins de mer, un tout petit peu moins de vent ou bien alors c’est que je m’habitue. C’est vrai que l’être humain est capable de s’habituer à tout. Le problème a été de trouver où dormir. J’ai tout essayé et du coup je me suis endormi très tard.

La couchette avant, Il y pleut. Oui, il y pleut et impossible de savoir d’où cela vient. Dormir dans une couchette trempée c’est dur à envisager. Les couchettes arrière, cela remue et surtout je ne suis pas habitué. Les couchettes du carré, la tribord qui est sous le vent devrait convenir mais avec cette énorme houle, juste au moment où je m’endors, le bateau gîte un grand coup à contre et me voilà éjecté de la couchette, réveillé en catastrophe en train de me récupérer dans la chute. Pas évident de se rendormir après cela. La couchette bâbord, trop inconfortable car inclinée dans le mauvais sens.

La fatigue venant, à une heure du matin je trouve que dormir dans une couchette trempée, c’est mieux que ne pas dormir et je réintègre la cabine avant. Ce matin j’ai fini par trouver que l’eau passe par les poignées du panneau zénithal qui, avec ces vagues est sous l’eau en permanence. J’ai mis un petit coup de tournevis pour les resserrer un peu en espérant que cela suffise.

J’ai donc passé les Tonga comme un boulet de canon, et comme le vent ne mollit pas je devrais atteindre demain matin aux aurores les îles Lau. Cet archipel d’une centaine d’îles et d’îlots se trouve à la frontière entre deux grandes cultures. En effet les Tonga se trouvent en Polynésie et les Fidji en Mélanésie. Les îles Lau ont donc subit un métissage de culture qui les rends unique. Peuplées d’environ 10000 habitants elles dépendent des Fidji.

Le jeu va être de trouver un passage au milieu de ces îles pour passer ensuite au sud de Suva. Je n’ai pas envie de m’arrêter ici car il y a des tensions politiques et voici ce qu’en dit Warwick Clay dans son « South Pacific Anchorages »

“Possibility of severe problems with Melanesians have made it undesirable »

Quand on est en mer les prévisions météo sont extrêmement importantes. Il faut décrypter et interpréter les informations fournies par les centres de prévisions et les transmettre au bateau. On appel cela « faire un routage météo ». J’ai la chance de bénéficier de ce service, pour que vous compreniez bien comment cela se passe je vous recopie ci-dessous les prévisions reçues ce jour :

« ouh gars ptét ta u 1 pe dzef costo 25 - 30 choupettes soi plusse queue prévu, mé sa doigt seu calmé dan lé 20 - 25 choupettes 2main. Ce konar d'éol va gerbé plein Est mé ce con put1 lé pa précé sa sra seulman vendrdi merd... »
Vous voyez qu’il y a encore du travail de traduction et que le capitaine n’a pas le temps de s’ennuyer. Quelle équipe !

Voilà pour aujourd’hui. Quand même 161 milles au compteur et 1586 depuis Tahiti.

A demain
Jean Louis


"J'aime beaucoup le routage météo..."

Envoyé par Emmanuel le 13-08-2010 à 08:46

Sommaire
Commentaire
Précédent
Suivant