Journal de bord de l'Harmattan
Thu, 05 Aug 2010 06:00:00 - 159°22W 18°13S
N° 167 - Une belle journĂ©e sous spi

8H00 H en France, 19 heures J-1 heure du bord,

Bonjour Ă  tous,

Hé oui, j’ai encore retardé les montres du bord d’une heure. J’ai maintenant 13 heures de retard sur Paris. Quand il est 8 heure du matin à Paris moi je suis encore la veille à 19 heures. Tous les 15 degrés de longitude je gagne une heure. La prochaine fois ce sera en entrant dans l’archipel des Tonga.

Après une nuit sans vent où j’ai marché au moteur, dès le levé du jour c’est un bon Est Sud Est qui se met à souffler entre 15 et 18 nœuds. Quel bonheur, j’envoie immédiatement le spi tribord amure et je coupe le moteur. C’est une journée de régal avec le bateau qui marche comme un avion entre 7 et 8 nœuds en permanence.

Avec ce vent du sud il fait moins chaud, c’est plus supportable. Eh oui, ici tout est inversé, c’est le vent du sud qui est froid et le vent du nord qui est chaud. Le monde à l’envers quoi.

Ce soir vers 23 heures, heure du bord, je vais passer à 20 milles au nord de l’île Aitutaki. Elle fait partie des iles Cook. C’est un atoll élevé qui culmine à 86 mètres entouré d’un lagon. Le récif forme un petit triangle de 12 kilomètres de côtés entouré de fonds de 4000 mètres. La terre ferme est beaucoup moins grande, elle fait quelques kilomètres carrés. Cet îlot est habité et doté d’un terrain d’aviation.

Sur mon écran radar je vois un écho, c’est un bateau. Je sors sur le pont mais il est beaucoup trop loin pour que je l’aperçoive. Il se rapproche. Pendant une heure je monte sur le pont pour observer puis je redescends à l’écran radar. C’est fou, lorsque l’on n’a vu personne pendant de nombreux jour comment cela fait du bien d’apercevoir un bateau qui passe à 5 kilomètres sur l’arrière. On se sent moins seul, il y a des hommes, là tout près. C’est un cargo avec des mats de charge. Il doit caboter d’île en île.

Ce midi c’était très bon. C’était épinards à la crème, œufs sur le plat. Il faut choisir les menus en fonction de l’état de la mer. Ce midi cela allait pour les épinards car la grosse houle s’était calmée. Autant il peut être amusant de rechercher les coquillettes ou bien les petits poids au fond du cockpit, autant avec les épinards ça ne le fait pas.

Je ne vois plus de poissons volants, pourtant ce matin j’en ai trouvé un sur le pont. Il était énorme, au moins 30 à 35 centimètres. On aurait dit un maquereau mais avec des ailes.

La nuit arrive, c’est encore une fois le dilemme. Vais-je garder le spi pour la nuit ? Je consulte à nouveau la météo, je pèse les pours et les contres. Si je pouvais faire confiance à mon pilote je le garderais bien ce spi mais la nuit dernière il est passé tout seul en « Standby » et j’ai retrouvé mon bateau à 90 degrés de la route. Sous spi ce serai la catastrophe. Il y a quand même 16 nœuds de vent, le génois devrait porter. Et puis je ne suis pas en course et la route est encore longue. Il ne faudrait pas que je me prive définitivement de mon spi, je vais encore en avoir énormément besoin.
La raison l’emporte et je fini par l’affaler. Avec mon génois j’ai quand même perdu presque deux nœuds de vitesse. Enfin je vais dormir plus serein.

Voila pour aujourd’hui. 139 milles au compteur journalier, merci le spi qui a sauvé ma moyenne.

A demain

Jean Louis
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