Journal de bord de l'Harmattan
Thu, 10 Jun 2010 16:00:00 -
N° 153 - La peste ou le cholĂ©ra ?

Le 10 Juin 2010 Ă  16 H en France

Bonjour Ă  tous,

Depuis huit jours je potasse les guides nautiques et je passe Ă©galement beaucoup de temps sur Internet.

Pour poursuivre ce tour du monde après l’Australie il y a deux possibilités, soit passer par le nord, le golfe d’Aden, la mer Rouge et la Méditerranée, soit passer par le sud, l’île Maurice, le sud de Madagascar, l’Afrique du sud avec le cap de Bonne Espérance puis remonter tout l’océan Atlantique et rentrer par Gibraltar en Méditerranée.

La route par le nord est maintenant infestée de pirates et le risque est très important d’être pris en otage pendant plusieurs mois. Avec ma maladie cela est tout à fait inenvisageable.

La route par le sud est extrêmement rude. Cela commence à partir de l’île Maurice et jusqu’au cap de Bonne Espérance. Il y a à cet endroit le courant des Aiguilles qui descends sud ouest en longeant la côte sud Africaine. Ce courant est très important, c’est de l’eau chaude et il vient se heurter d’une part à un courant froid (circumpolaire antarctique) et d’autre part aux coups de vents de sud ouest ce qui crée une des mers les plus dangereuses du globe. Il est extrêmement fréquent d’y rencontrer ce que les marins appellent des vagues scélérates de 18 à 20 mètres de haut. Ces vagues sont des murs d’eau verticale capables de couler des cargos en parfait état.

Choisir la route de retour consiste donc comme le dis Pierre-Yves à choisir entre la peste et le choléra. Dans les deux cas il faut croiser les doigts et c’est un peu la loterie.

J’ai fini par choisir la route sud car c’est une route de marins. On ne peut pas tout prévoir et il faudra également compter sur la bonne étoile mais on peut tout de même énormément atténuer les risques. En tout premier lieu il faut passer à la bonne saison. C’est un peu comme si l’on veut traverser Paris en maillot de bain. Si on le fait en été, Juillet ou Aout, cela va se passer sans problème. Par contre si l’on veut le faire aux mois de Janvier ou Février, cela devient un exploit et c’est beaucoup plus difficile.

L’océan Indien est réputé pour être difficile avec beaucoup de houle et de mer croisée mais cela devrait aller.

Le plus dur c’est la route entre l’île Maurice ou la Réunion et le port de Durban en Afrique du sud. C’est 1570 milles, 12 jours de mer. Il faut passer très au sud de Madagascar car les vagues scélérate apparaissent sur des lignes de fond de 200 mètres. Je pense qu’il faut passer au moins à 150 milles de la pointe sud de Madagascar.
Ensuite, entre Durban et le Cap c’est plus facile car c’est de la route côtière et il n’y a pas plus de 200 milles entre chaque abri, soit un jour et demi de mer. En étant extrêmement attentif à la météo cela ne doit pas poser de problème.

La remontée de l’Atlantique ensuite sera une vraie récompense.

La meilleur période pour passer de l’île Maurice à Durban est le mois d’Octobre. J’ai donc été amené à supprimer de mon planning des escales sympathiques pour arriver plus tôt à l’île Maurice. Ainsi il va falloir oublier Moorea, Raiatea et Bora-Bora. Il va falloir également réduire le temps de préparation du bateau ainsi que certaines escales.
Je repars le 26 juillet au matin pour Tahiti, cela va venir très vite.

En attendant je profite un peu de ma vie de terrien. Vendredi dernier c’était une grande réunion à Châteauroux avec mec copains de l’école de sous officiers que je n’avais pas revus depuis 41 ans ! Nous nous sommes trouvés changés. Que de souvenirs oubliés ont ressurgis !

Et puis lundi j’ai emmené mon petit fils chez Mickey. Journée vraiment très agréable.

Je viens de faire une demande de visa pour l’Australie. Pour l’Afrique du sud ce n’est pas nécessaire si l’on reste au bateau mais peut être va-t-il m’en falloir un puisque je prendrais l’avion pour revenir quelques semaines en France.

A très bientôt.

Jean Louis


"Mon cher JLC,
Dans un immense océan d'infinie admiration, j'ai quelques murs de vagues d'inquiétude.
Le pistolet russe.
Et si tu prenais la route Nord en te joignant une fois sur telle ou telle portion de route, à des petits "convois" accompagnés, qui garantissent la sécurité de galopins comme toi.
Ton mérite ne serait entamé en rien, et, vu les qualités du Monsieur, nous te garderions longtemps pour tout ce qui t'attend encore.
Affectueuse amitié.
Dominique."


Envoyé par Manchon Dominique le 14-06-2010 à 14:28

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