Journal de bord de l'Harmattan
Mercredi 21 dĂ©cembre 2022, Ă  15 h TU, 16 h en France. - Ŕ l’hĂ´pital de Pontoise
N° 1337 - Le solstice d’hiver

Bonjour Ă  tous,

J’aime la nuit, j’ai souvent évoqué ce sujet dans mon blog. Pas la nuit de « juste un bar qui éclaire le trottoir d’un néon rouge », même si j’adore cette chanson, pas la nuit de la fête, non la nuit que j’aime est celle des grands voyages en solitaire.

Comment expliquer cette addiction ? Je ne sais pas. Peut-être est-ce l’ambiance de la nuit, peut-être le fait que la plupart des gens dorment et qu’on a l’impression d’être sur une planète différente ? J’éprouve ce plaisir en bateau. Si je traverse un endroit compliqué, où il faut être attentif en permanence, mon plaisir est encore plus grand.

Pendant une douzaine d’années, j’ai passé des centaines de nuits en mer, seul à bord de mon bateau. Je me suis régalé ! Parfois, j’ai fait des nuits complètes, parfois je me suis levé trente fois dans la nuit. J’ai vécu des nuits magnifiques, je me souviens en particulier d’immenses orages dans le pot au noir, près de l’équateur. Je me souviens également de nuit merveilleuse avec mon spinnaker tout gonflé sous un clair de lune me procurant des émotions intenses.

Mais j’aime également rouler la nuit. Chaque fois que je descends à mon bateau, je pars entre 2 h et 3 h du matin. Il y a 850 kilomètres, je ne perds pas une journée en voyage, car je déjeune ainsi sur mon bateau, une petite sieste et je peux avancer mes travaux une bonne partie de l’après-midi.

Je m’y suis rendu récemment. Cela me fait un bien fou. Je suis en train de refaire à neuf la coquerie (c’est le terme de marine qui désigne la cuisine, l’endroit où œuvre le coq, le cuisinier). Un copain me dit « Mais tu viens de la faire ! ». Oui, il y a 20 ans et j’ai passé énormément de temps sur Harmattan depuis. J’ai remis un four/micro-ondes neuf, j’ai refait des aménagements et j’ai tout repeint. J’en ai profité pour rénover une partie du carré que je n’avais pas touché depuis l’acquisition de mon bateau.

Pour revenir sur Paris, je n’arrivais pas Ă  m’endormir alors j’ai pris la route Ă  21 h 30. Je pensais m’arrĂŞter deux ou trois fois pour un petit somme sur une aire de stationnement. Ŕ mon premier arrĂŞt je sentais la fatigue venir, j’ai marchĂ©, but un cafĂ©, et je me suis dit que j’allais poursuivre un peu. Finalement, je suis arrivĂ© Ă  l’approche de la rĂ©gion parisienne avant 5 heures, alors que les embouteillages parisiens n’étaient pas encore en place, il n’était plus question de faire un stop.

Mais comme la plupart d’entre nous, je suis ravi d’arriver au solstice d’hiver. Quel moment énorme ! Tous les ans, c’est un soulagement, c’est exactement la même impression que l’on ressent lorsqu’en vélo, on arrive en haut d’une rude côte, et que l’on découvre la longue descente qui suit. La nuit a fini de manger de plus en plus de jour, elle est rassasiée et va lâcher le morceau progressivement jusqu’à la mi-juin. C’est la promesse de l’été, nous allons vivre une période magique où les jours ne vont pas finir de s’étirer. Quel bonheur !

Pour l’instant, je suis à l’hôpital pour une biopsie de mon greffon. En effet, je suis greffé depuis bientôt douze ans et la durée de vie d’un greffon se situe entre douze et quinze ans. Il lâche le morceau progressivement et la biopsie va permettre de situer avec précision son état actuel. J’avais déjà été hospitalisé la semaine dernière, mais une suspicion d’infection urinaire avait stoppé le processus. La biopsie vient d’être effectuée et maintenant je dois rester allongé sans me lever jusqu’à demain avant de retrouver ma liberté.

Il y a huit jours, il faisait très froid, environ -8 dehors. Cela m’a permis de constater l’état catastrophique de certains de nos hôpitaux. Dans la chambre, j’ai mesuré une température de 15 degrés ! Normalement, on ne va pas à l’hôpital pour attraper un coup de froid. En fait, les fenêtres datent de la construction, elles sont en alu brossé avec un simple vitrage et des joints d’époque. Le radiateur du chauffage central était froid et un radiateur électrique dans la chambre n’arrivait pas à faire monter cette température.

Heureusement, j’ai fait la Patagonie, j’ai l’habitude du froid. J’ai réussi difficilement à obtenir une couverture et j’ai dormi tout habillé avec le manteau polaire que je portais en permanence dans le grand sud.

Je profite de ce news pour vous souhaiter de merveilleuses fêtes de fin d’année. Je pense également avec compassion et énervement à tous ceux qui vont recevoir le même cadeau du père Noël que les années passées, à savoir, un train ou un avion supprimé au dernier moment.

Ŕ bientĂ´t,
Jean-Louis
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