Journal de bord de l'Harmattan
Vendredi 15 Avril 2022 Ă  7h00 TU, 9h00 en France - A Port Saint Louis du RhĂ´ne
N° 1326 - La nuit

Bonjour Ă  tous,

J’aime la nuit ! La plupart de ceux qui tournent autour du monde en voilier préfèrent partir le matin : « C’est une nuit de moins en mer ! ». Mais, pour ma part j’adore partir le soir, c’est toujours énorme, toujours émouvant. Se retrouver seul en mer dans le noir et observer la côte qui s’éloigne avec toutes ces lumières en imaginant tous ces gens qui vivent là est une expérience que je ne manquerais pour rien.

Naviguer dans un endroit difficile la nuit est passionnant. La nuit tout devient plus difficile, plus compliqué, plus technique. Mais j’adore la difficulté, j’adore la technique et mes plus beaux souvenirs de navigation se sont passés souvent de nuit.

Je me souviens être arrivé à l’entrée de l’archipel de la Maddalena (au Nord Est de la Sardaigne) en début de nuit alors que je rentrais de Turquie. Quelle nuit énorme, à prendre des alignements, à me positionner en fonction des feux ! C’est un de mes plus beaux souvenirs. J’aurais pu faire simple et suivre la route des cargos dans les Bouches de Bonifacio, cela aurait été vraiment dommage.

Un autre souvenir énorme, c’est mon départ à 0h45 le mardi premier mars 2016 de Rio Grande Do Sul au Sud du Brésil. Voilà ce que j’écrivais alors dans mon Blog « Comme d’habitude, je me suis régalé à descendre ce chenal jusqu’à la mer, pendant 15 Miles en pleine nuit. Il faut être extrêmement attentif, avoir un œil sur chaque lumière, sur chaque ombre, sur chaque forme. Des petits bateaux de pêche encombrent le passage alors que d’énormes cargos de plus de 300 mètres de long essaient de se glisser jusqu’au quai. »

Et puis la nuit m’apporte toujours des solutions. Le fait de m’allonger dans le noir et de méditer, de soulager mon cerveau de tout ce qui n’est pas indispensable, me permet de résoudre très souvent des problèmes sur lesquels je travaille et qui me semblent insolubles. C’est chaque fois comme un éclair, la solution m’apparaît soudain avec une telle clarté, une telle évidence que j’en reste tout ébahi.

C’est fou ! Les aiguilles du temps tournent à une vitesse incroyable, cela fera déjà quatre ans le premier août que je suis redevenu un terrien, que j’ai sorti mon bateau de l’eau et que je ne me suis pas promené sur l’eau. Maintenant les travaux avancent bien et je suis tout excité devant la perspective de remettre à l’eau Harmattan prochainement.

Je suis occupé à solutionner tout un tas de petits problèmes, à finaliser de nombreux points et à peaufiner la préparation du bateau. J’ai entrepris la révision totale de mon déssalinisateur. C’est un gros travail, à chaque fois que je pense arriver au bout un nouveau problème apparaît. A bord d’un voilier de voyage la bonne utilisation de l’eau est primordiale.

Pour ma part je bois de l’eau en bouteille et j’emporte toujours suffisamment de bouteilles pour la durée de l’étape à venir. D’une part c’est meilleur pour le goût et d’autre part c’est une sécurité. Durant les 70 000 Miles que j’ai parcouru il m’est arrivé par deux fois de me retrouver avec un réservoir vide par suite d’une rupture de canalisation.

L’eau du réservoir sert à me laver (toilette bassine pour ne pas gaspiller), à cuire les nouilles, le riz, les pommes de terre … Certains partent avec une tonne d’eau, cela me semble énorme alors que nous sommes entourés d’eau en permanence. Et puis, en grande croisière le déssalinisateur est indispensable car dans beaucoup de pays l’eau du quai, quand il y en a, n’est pas de très bonne qualité et sa potabilité est incertaine. Parfois il est même impossible d’aller à quai.

A bientĂ´t
Jean-Louis


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