Journal de bord de l'Harmattan
Mon, 03 May 2010 04:00:00 - 09°48 S 139°01 W
N° 129 - ArrivĂ©e aux Marquises



19H00 J-1 heure du bord, 06H00 en France

Bonjour Ă  tous,

Depuis que je vous ai laissé vendredi soir, il s’en est passé des choses !
Ma dernière nuit en mer à été fatigante, j’ai très peu dormi. C’était une nuit à grain et le radar n’a pas arrêté de signaler des alarmes. Et puis cette houle terrible. Comme il y avait peu de vent le bateau ne pouvait s’appuyer dessus et à l’intérieur c’était infernal à vivre.
Au lever du jour je me présente devant la baie Tahauku. Impressionnant, des lourds nuages noirs barrent l’horizon d’un bord à l’autre.

Il faut absolument que je mouille avant l’orage. La baie est toute petite, déjà une quinzaine de bateaux ! A l’intérieur la mer se brise sur les rochers en montant à plusieurs mètres, il y a même un « souffleur » où la mer monte jusqu’à une vingtaine de mètres. Je fais un premier tour de repérage puis au deuxième tour je jette l’ancre au seul endroit possible. Je m’aperçois alors que les autres bateaux sont en mouillage bahamien, une ancre devant, une ancre derrière. Je ne peux rester ainsi car sous l’orage je vais aller cogner les autres, aussi je relève mon ancre et je ressors de la baie. L’orage arrive, je mouille à l’extérieur pour attendre.

Quel orage, pendant une heure et demie il tombe des cordes. Si les femmes ici sont aussi lascives que la pluie est traversière cela doit être quelque chose ! (« Les Marquises » de Jacques Brel)

J’ai sortie mon ancre légère, je l’ai montée, portée à l’arrière et raccordée à la ligne plombée que j’ai étendue sur le pont. Je me présente pour prendre le mouillage. Après trois tours et un premier mouillage infructueux me voilà enfin mouillé correctement. Il est dix heures, je suis mort de fatigue et j’ai enfin droit à un petit déjeuner réconfortant.

Je fais une dialyse puis je dois m’occuper du bateau. Ranger les voiles, les cordages, remplir le livre de bord … A ce moment arrive une très grosse vague, certainement renvoyée par la falaise en face. C’est impressionnant dans un mouillage, elle fait bien un mètre et elle est très épaisse. Le bateau est projeté violemment en arrière et le cordage que j’installe toujours entre la chaîne d’ancre et la bitte de remorquage explose. Pourtant c’est du 12 millimètre ! Je rallonge un peu de chaîne mais j’ai déjà 30 mètres alors qu’il n’y a que 3,5 mètres de fond. Je ne peux pas en mettre beaucoup plus car il y a un marnage de 1,5 m et je calle 2 mètres. Le fond remonte assez vite derrière moi. J’en rajoute un peu tout de même et cela donne du mou sur l’ancre arrière, le bateau va être plus libre. Je mets cette fois ci un cordage de 16 millimètre sur la chaîne d’ancre.

Je dors un peu, déjeuner, petite dialyse et sieste. C’est vers cinq heures, lorsque le soleil tape un peu moins que je me risque à débarquer. Pas facile avec le ressac. Il faut amarrer l’annexe par l’arrière pour qu’elle ne s’explose pas sur le petit ponton. J’ai mis mon grappin.

Je pars à pieds pour aller au cœur du village. Après deux kilomètres de marche je crois être arrivé mais non, il faut continuer. Cela monte, c’est fatigant, je demande, je ne suis pas sur la bonne route, je repars … Cela fait 4 kilomètres que je marche, je ne suis que devant le cimetière mais il fait nuit, j’abandonne, je fais demi tour. J’ai les pieds plats. C’est un énorme problème pour moi car je ne peux pas marcher. Cela peut paraître anodin mais c’est un calvaire. Petit, en colonie de vacances les ballades étaient pour moi une torture alors que tous les autres gamins étaient heureux de vivre. Moi je devais luter en permanence.
Sur le retour je passe près d’un bâtiment où j’entends de la musique. Je rentre, c’est le groupe de danse traditionnelle qui effectue son entrainement hebdomadaire. Quelle chance le spectacle est rien que pour moi ! C’est une musique à base de percutions, il y a 8 musiciens, 12 danseuses et 4 danseurs, des athlètes, j’allais écrire des sauvages. Beaucoup de décibels. Cela rappel la guerre, les hommes dansent les jambes écartées, les genoux pliés, en poussant des cris gutturaux, la position du AKA. Ce n’est pas le Kuna Yala ici, les femmes sont soumises, prostrées devant les males, c’est la séduction, l’appel aux plaisirs charnels. Elles poussent également des cris, c’est réellement impressionnant, on n’a pas du tout l’impression qu’ici c’est la France. Pas étonnant que cette ambiance ait plu au grand Jacques.

Malheureusement il y a la dialyse, il faut que je parte. Difficile de monter dans l’annexe avec ce ressac énorme. Mon grappin est pris, je ne peux le récupérer, dommage, un beau grappin et un beau cordage !
Je fais vite fait ma dialyse et me jette au lit sans avoir le courage de dîner, je suis trop épuisé.

Dimanche matin grand beau temps. Du bateau j’ai la vue sur la montagne. C’est magnifique. Les paysages ici sont d’une grande splendeur et les couleurs sont incroyables. Ce n’est pas étonnant que Gauguin se soit enraciné ici. La flore est conquérante, c’est un climat chaud et humide, tout pousse dans des proportions hors norme. Il y a toutes les nuances de vert, des rouges, des noirs, du blanc, du gris …

Ce matin c’est pour le bateau, en prioritĂ© corvĂ©e poubelles. Avec la dialyse c’est Ă©norme. J’ai trois grands sacs de 200 litres chacun. Au ponton je rencontre d’autres plaisanciers, certains ont Ă©tĂ© au village ce matin, tout est fermĂ©, il faut attendre demain. On discute, je suis le seul Ă  avoir mis si peu de temps pour venir des Galápagos. Je suis fier d’autan que mon bateau ne fait que 11,4 m Ă  la flottaison et que la vitesse de carène est directement proportionnelle Ă  cette longueur.

Je répare diverses petites choses puis dialyse, déjeuner et sieste. Je suis dans la chambre avant, le panneau grand ouvert, il fait bon, un petit courant d’air me rafraîchit, la vie ne peut pas être plus belle. Tout d’un coup, un bruit de cascade, je n’ai le temps de rien qu’un véritable tsunami arrive sur le bateau. On est sous l’eau, des centaines de litres s’abattent sur moi, je me dis « On ne peut pas couler ? » Cela semble ne pas vouloir finir. Tout l’avant jusqu’au carré est inondé, les coussins sont gorgés d’eau comme des éponges. Je commence à tout sortir dehors, dégouté. J’ai enlevé le plus gros de l’eau, les planchers sont propres maintenant. Je suis dehors en train d’étendre mon drap que j’ai rincé à l’eau claire quand une deuxième vague arrive. Je pensais cela tellement exceptionnel que j’avais tout ouvert en grand pour faire sécher. Un désastre !
La vague fait bien dans les deux mètres et déferle. Quand elle s’abat sur le bateau tout l’avant est soixante centimètres sous l’eau. Par contre je constate qu’il n’y a qu’a cet endroit précis du mouillage que les vagues arrivent ainsi. Immédiatement je mets le moteur en marche, saute dans l’annexe pour aller relever mon mouillage arrière et change de place avant de prendre mon éponge. J’enlève à nouveau dans tous les recoins l’excès d’eau.

En fin d’après midi les douaniers me font une visite. Le douanier a sa mère qui est dialysée comme moi et suivie par le docteur Garnier qui m’attends à Papeete. Cela crée immédiatement des liens.

Voilà pour un weekend bien fourni. Ce soir je vais dormir dans la cabine arrière et demain je vais louer une voiture pour pouvoir me déplacer.

A demain.

Jean Louis


"et ben mon Jean Louis quelle arrivée au Paradis des Marins... Olivier m'avait dit que les Marquises et les Tuamotou ce n'était pas fait pour les marins du dimanche... il a encore des souvenirs douloureux de son service militaire sur son drageur de mines à fond plat qui croisait dans les îles. Heureusement que les heures de voile du capitaine ont permis de faire face aux éléments déchainés!!! Ceci-dit bravo encore pour l'exploit de cette traversée record. Je suis fier de toi et de ton beau bateau. Profite au maximum de cette belle île... mais attention aux femmes lascives qui ont perdue bien des marins et des capitaines.
Ici à Lyon après une fin Avril exceptionnelle avec des températures de 27 degrés "celcius" nous sommes retournés depuis le 1er mai, en hiver, 6 degrés le matin, pluie vent et cerise sur le gateau tempête sur la méditerranée avec de vents de plus de 130 kmh. Je suis prêt à changer ma place contre la tienne !!!
Allez, j'arrĂŞte mon bavardage pour aujourdhui,
Ă  demain
bernard..."


Envoyé par bernard lannion le 04-05-2010 à 17:52



"Coucou,

J'aurai du me transformer en petite souris et monter dans ta valise..... pour me retrouver dans un pays comme ça.....j'en suis verte !!! J'ai tant besoin de soleil et de paysages verdoyants...
Profite pour nous aussi, fais nous de belles photos...
Bises
Marie"


Envoyé par Marie le 04-05-2010 à 19:36



"BRAVO POUR CETTE TRAVERSEE ET QUELLE AVENTURE CE MOUILLAGE. SOIS BIEN PRUDENT ET PROFITES BIEN DE TOUT ET DES CHANTS ENJOLEURS..."

Envoyé par PHILIPPE ANNE le 04-05-2010 à 21:29



"Et bien voila, tu es en Polynesie, cela me fait tout drole; je t en ai tellement parle et tu y es avant moi.. belle arrivee, je vois que mes avertissements sur les vagues scelerates se sont materialises .. C est horrible de mouiller son couchage a l eau salee ! par ma betise nous avons eu cela au depart des Seychelles avec Brigitte, on a dormi le derriere dans le sel pendant une semaine!! pas sympa!! Alors comme je t avais prevenu pour les vagues scelerayes, je te previens pour les Tuamotus de deux risques forts, tu as sans doute deja lus, mais tu sais que j aime radoter 1/ tention les entrees de passes, attendre l etale, sinon tu peux avoir 5 ou 6 Kts de courant voire beaucoup plus, dans certains grands atolls cela depasse par moments les 10 Kts... c est vraiment dangereux, deuxiemement, les courants en mer sont aussi erratiques, et peuvent aller a 4 Kts, donc a surveiller le GPS, du temps ou ilo n y avait pas de GPS il y a eu plein de bateaux sur les recifs da "

Envoyé par Pierrefeu Jean Louis le 04-05-2010 à 23:47



"suite.. dans les Tuamotus..ces courants ne sont pas repertories du moins pas tous car vraiment erratiques, C est tres tres dangereux, attention !!! troisiemement, pour les mouillages, tu vois du sable tu crois que tu mouilles dans du sable, mais il n y en a que 3 ou 4 cm dessous c est le platier c est comme le verglas pour l ancre.. il faut vraiment tester fort en marche arriere les mouillages dans les tuamotus.. Bon, profites bien des Marquises ( les Iles j entends..), les fleurs de tiare, les odeurs les oiseaux, la vegetation, les chevaux sauvages, etc etc.. je suis vraiment content pour toi que tu y sois arrive ! et en un temps record en plus bravo l ami, et a bientot. Au fait j etais a P Nap aujourd hui j ai fini de vider le conteneur, rendu les clefs, et meme rendu mon badge, mon bateau est a present un SDF .. une page qui se tourne. Amities JL"

Envoyé par Pierrefeu Jean Louis le 05-05-2010 à 00:00

Sommaire
Commentaire
Précédent
Suivant