Journal de bord de l'Harmattan
Mon, 26 Apr 2010 03:00:00 - 07°09S 126°18W
N° 123 - La vague

19H00 J-1 heure du bord, 05H00 en France

Bonjour Ă  tous,

Quel beau jouet cet Harmattan, quel weekend sympathique. Depuis deux jours je m’amuse comme un adolescent sur un dériveur.

Cela à commencé vendredi soir. J’étais artimon, grand voile pleine et génois à un ris, je venais de me coucher et progressivement le vent à forci. C’était une vraie cavalcade, le bateau marchait en permanence autour de 8 nœuds et partait dans des accélérations qui lui faisaient prendre entre 9 et 10 nœuds. Bien sur, impossible de dormir dans ces conditions, je ne suis pas en course. Aussi je me suis levé et j’ai presque roulé en totalité le génois.

Cela s’est poursuivi tout le weekend, un vent assez soutenu de l’ordre de 24 nœuds et un système complexe au niveau des vagues. Ce système est composé de deux trains de houle différents, un train sud est arrivant par l’arrière et un autre train d’onde arrivant du sud, pourtant ce n’est pas la saison du mara’amu.

J’aime les vagues, si elles n’existaient pas la mer serait bien triste. Il y a la vague qui arrive de l’arrière, elle impressionne quand on se trouve au pied, dans le creux et qu’elle nous domine de toute sa hauteur. Puis c’est le miracle de la voute de ce bateau, tout l’arrière se soulève comme dans un ascenseur et l’on se retrouve avec le bateau très incliné sur l’avant. La vague le projette alors dans une accélération qui fait trembler toutes les membrures. Et puis la vague passe et le bateau s’aplatie dans un tapi d’écume en s’inclinant sur l’arrière d’une façon importante, en ralentissant.

Très différente, la vague qui arrive sur le côté. Cela peut être beaucoup plus brusque. Elle peut se cogner sur le flanc du bateau comme sur une digue. Cela provoque un choc violent qui fait faire un pas de côté au bateau. Elle est alors projetée en hauteur et avec le vent retombe sur le pont en grandes cascades. Gare au hublot au vent ou au panneau de pont ouvert.
Elle peut également agir avec plus de subtilité, passer sous le bateau et le rouler. Il commence alors à se pencher du côté où arrive la vague et lorsque la vague passe il se redresse et se vautre sur l’autre côté dans un lit de mousse blanche. Attention alors au hublot ouvert sous le vent, il se retrouve sous le niveau de l’eau qui peut monter jusqu’au milieu des chandeliers.

Et puis il y a tous les mariages entre ces deux systèmes de houle, avec des très belles vagues longitudinales surmontées d’une crête toute blanche qui déferle et d’autres qui ressemblent à des pyramides et qui s’élèvent au dessus de la mêlé.

Le summum c’est quand le bateau est pris en même temps par une vague de chaque système qui ne se sont pas mariés. L’effet est décoiffant car le bateau se couche très fort sur le côté tout en partant comme une fusé dans des tourbillons d’eau. Hier après midi j’étais allongé dans le cockpit, sur des coussins sur le banc tribord, sous le vent. C’est un endroit idéal pour flemmarder, on est bien, coincé contre l’hiloire, abrité du soleil par la capote, rafraichit par un petit courant d’air et avec une vue magnifique sur la mer. Avec un coussin dans le dos on est comme dans une chaise longue. J’étais en train de lire le guide de navigation de la Polynésie. Tout d’un coup le bateau a été pris dans un système de vagues croisées, il est parti au surf en se couchant d’une façon inhabituelle, la totalité des chandeliers s’est retrouvé sous l’eau et moi avec. L’eau est rentrée à gros bouillons dans le cockpit en me submergeant, surpris j’ai bu la tasse par le nez. Heureusement mon livre que je tenais à bout de bras n’a pas été trop abimé. J’en ai été quitte pour me changer, enfin changer de slip je ne porte que cela, et surtout refaire immédiatement le pansement de mon cathéter.

Aujourd’hui je navigue avec deux ris dans la grand voile et le génois totalement déroulé. Quel bonheur, ces semaines de navigations continues en solitaire m’apprennent beaucoup sur mon bateau. Je n’aurais jamais pensé m’amuser autant qu’avec un dériveur. Quand on le cherche un peu on s’aperçoit que malgré ses 16 tonnes il peut être extrêmement joueur.
Bien entendu cela n’est pas possible en croisière familiale, un peu trop rock n’roll.

Voilà pour aujourd’hui. Ce soir le vent tombe et la mer s’aplatie, hier 174 milles au compteur et seulement 178 sur la route directe. Le courant n’est plus porteur. Aujourd’hui, 163 milles sur la route surface, 169 sur la route directe et il me reste 772 milles pour Hiva-Oa.

Le pilote est toujours dans sa grève perlée mais çà va.

A demain

Jean Louis



"Salut captain,
Il est 11h ici, quelle belle analyse de vagues, c'est clair, c'est vrai les longues traversées laissent le temps de les observer finement.
Je viens d'aller me ballader aux Marquises sur la toile, c'est magnifique, beaux reliefs, belles criques franchement mieux que Caro et puis on peut comprendre Gauguin et Brel les marquisiennes sont extrèmement belles...Tu feras attention quand même car les marquisiens sont eux aussi très beaux (du moins sur les photos) mais surtout ce sont des athlètes... Alors une info importante le fameux HAKA cri de guerre des All Blacks vient en fait des Marquises, les enfants l'apprennent à l'école, les fètes sont ponctuées par cette danse et les personnalités sont reçues de cette manière, donc ne crains rien quand tu mettras pied à terre, sil y a un Haka ce ne sera pas pour t'agresser mais pour t'honorer...
Bonne route captain,
Jacky"


Envoyé par Jacky Peudevin le 27-04-2010 à 11:21



"Toujours avec toi dans la pensée.
Et toujours hautement impressionné.
... et jaloux.

Bien amicalement.

Do Manchon"


Envoyé par Dominique Manchon le 27-04-2010 à 13:59



"Inouï. Je te laisse fin décembre à l'approche des Antilles, admiratif devant ton périple transatlantique. Puis je me dis, voilà, maintenant not'vagabond il a réalisé son périple, il va rester tranquille...en père peinard...
Le temps de remiser ma pelle à neige, de démarrer les semis de printemps (radis, salades, pois mange-tout), je viens faire un tour sur le site toujours inscrit en favori, et alors là, la tasse! une tasse d'écume bien bouillonnante venue de je ne sais où, de trois quarts arrière ou de face pour le coup!
Enorme! je te retrouve en maître du Pacifique, baguenaudant sur les crêtes d'eau salée quelquepart le nez pointé vers les Marquises. Et là je me dis que ben oui c'est tellement dans la logique des choses, avec un tel bonhomme et un tel bateau. On ne pouvait pas arrêter une telle chevauchée et mettre les deux sous la bride. Alors oui je vais me remettre à rêver marin au fil de ton périple, rallumer ma vieille lampe d'écume et ma pipe tempête, faire des noeuds de chaise à mon mouchoir pour ne pas oublier de t'envoyer par ci, par là, quelques bouteilles à la mer! Tiens bon la vague...et à bientôt Capitaine !"


Envoyé par Creusot Alain le 27-04-2010 à 14:51



"Encore en train de t'amuser pendant que les autres rament... m'Ă©tonne pas !
Allez, j'retourne au bouillon...
Camille, Jean-Michel, Lou, Swann et les autres..."


Envoyé par Sophie le 27-04-2010 à 15:23



"Bises affectueuses !"

Envoyé par Sophie le 27-04-2010 à 15:25



"salut l ami, bien recu ton mail, y ai repondu sur gmail
bonne arrivee amities JL"


Envoyé par Pierrefeu Jean Louis le 28-04-2010 à 09:18

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