Journal de bord de l'Harmattan
Wed, 14 Oct 2009 10:59:00 - 34°36’62 N 07°06’81 W
N° 12 - Au large de RABAT



Bonjour Ă  tous,

Quelle nuit !

Après les courses, les lessives, récurage du capitaine, de l’équipage et du bateau nous partons enfin. Il est 18 heures TU, 20 heures en France. La nuit commence à tomber.

Les Marocains sont sympas, ils nous aident à libérer le bateau. Jacky est à l’avant, il s’occupe de remonter l’ancre. Je fais l’aller et retour entre la pointe avant et le cockpit pour mettre un peu de moteur face au vent et contrôler l’arrivé de l’ancre à bord.
C’est difficile et nous voyons apparaître des gros cordages et un vieux pneu, le tout entouré de grandes feuilles de plastique.
Jacky attaque au couteau pendant que je maintiens le bateau dans la passe.
Après un quart d’heure d’efforts nous voilà enfin libérés. Jacky n’a plus qu’à aller se laver.

Le vent souffle 20 nœuds d’Est, c'est-à-dire que nous allons être vent arrière. J’ai décidé de monter les voiles dans l’avant port pour ne pas être trop secoué. Une fois les voiles à poste, il faut virer de bord. C’est musclé, le bateau se couche et puis il part comme un boulet de canon. Nous sommes très rapidement à 7 nœuds auxquels il faut ajouter 2,5 nœuds de courant favorable. La côte défile et c’est bon.
Puis rapidement le vent tombe à 15 nœuds. Au portant ce n’est pas beaucoup. Nous arrivons au cap Spartel, la sortie du détroit de Gibraltar et l’entrée dans l’Atlantique. Le vent se renforce et monte à 30 nœuds, puis 34. C’est violent mais la mer est plate.

Il va falloir empanner maintenant. Je n’aime pas cette manœuvre. Je reprends l’écoute d’artimon en totalité et je reprends pas mal l’écoute de grand voile. Sur celle-ci j’ai un frein de baume qui permet de faire cette manœuvre sans trop de problème.

Je règle le « Aller à » sur la cartographie et l’écoute de grand voile dans la main j’appuie sur le bouton du pilote. Un grand bruit, la baume de grand voile file jusque dans les haubans. Je sais tout de suite que j’ai cassé. Dans le noir c’est difficile, on ne voit rien. C’est une nuit sans lune.

Maintenant nous sommes très souvent au dessus de 40 nœuds. Le bateau file entre 8 et 9 nœuds avec grand voile et artimon. La mer est plate, cela pourrait être du bonheur sans ce sentiment d’avoir cassé.

Maintenant que tout semble stabilisé, que le pilote assure le cap, je commence à faire le tour. La position des cordages à l’arrière du cockpit n’est pas très normale. Je n’en crois pas mes yeux, j’ai perdu le chariot de grand voile.

En fait, le cordage de réglage du chariot avait été sorti de son taquet par inadvertance lors de la monté des voiles et je ne l’ai pas contrôlé. Lors de l’empannage, le chariot, monté sur roulement à billes, n’étant plus maintenu, est parti comme une fusé sur l’autre taquet et l’a arraché. Fâcheux de n’avoir plus d’écoute de grand voile dans 40 nœuds de vent.

La grand voile n’est que légèrement appuyée sur les haubans, voyant le vent monté en permanence (nous avons maintenant des rafales à 44 nœuds), je décide d’essayer de prendre un ris. Cela commence pas mal puis tout se coince. La voile ne veux plus ni descendre ni monter.

Heureusement la mer est plate, j’ouvre un peu l’artimon qui donne trop, obligeant le pilote à compenser au gouvernail et nous filons maintenant à 9 nœuds.

Christophe propose de faire à manger, je n’ai pas faim. Cela me travaille cette situation, ce vent très fort et plus d’écoute à la grand voile qu’il est impossible d’affaler.

On avale quand mĂŞme chacun un petit sandwich Ă  la dinde et un yaourt.

Après un moment, la mer s’aplatit encore et le vent tombe à 20 nœuds. Je mets le moteur en marche et descends faire la dialyse. Il y a pleins de pécheurs et il faut veiller la route en permanence. Jacky s’y colle pendant que j’essaye de me reposer. L’alarme collision hurle en permanence, c’est impossible et cette grand voile à poste me travaille.

Vers une heure du matin, le vent tombe à 3 nœuds et passe au sud. C’est le moment d’essayer de descendre cette grand voile. On monte, on affale mais elle reste coincée. Dans le noir c’est très difficile. J’ai beau allumer les projecteurs de pont, on n’y voit rien, c’est dans les hauts que c’est coincé dirait on.

Encore un écho sur le radar. Ses feux ne sont pas allumés à ce bateau. Il est très prés. J’allume mon projecteur qui se trouve en haut du mat et j’effectue un balayage. Il allume un lumignon puis ses feux et part, moteurs à pleine puissance, faire un arc de cercle autour de nous. Il s’arrête à 200 mètres et allume un gros projecteur, le secouant dans un mouvement vertical et nous éclairant.

J’ai lu qu’à cette distance de la côte, il peut y avoir des filets dérivants et que c’est très dangereux. J’imagine immédiatement que c’est cela, coupe les gaz et envoie Jacky dans la delphinière après avoir allumé le projecteur. Nous avançons à 1 nœud, avec précaution.

A nouveau grand coups de projecteurs, j’ouvre la VHF, personne ne réponds. J’arrête le bateau et nous hurlons « Qu’est ce que vous voulez ». Après de multiples tentatives de communication, nous croyons entendre « Marine Royale »
Ils ont une drôle d’attitude ces policiers. Nous n’y croyons pas trop et leur demandons d’approcher. Ils viennent à 50 mètres et nous constatons que c’est bien un bateau officiel.
« Quel est la nationalité du bateau ? »
« Vous êtes combien à bord ? »
« Il est où le troisième ? »
« Le nom du bateau ? »
« Vous venez d’où ? »
« Vous allez où ? »
« Le nom du propriétaire ? »
« Le nom des deux autres ? »

Le tout en hurlant. Ce n’est pas facile, il faut répéter 3 fois chaque question. Je leur crie :
« Vous n’avez pas une VHF ? »
« Canal 14 »

Cela va déjà mieux, maintenant ils veulent le numéro des passeports. Mince on va y passer la nuit !

Puis tout d’un coup :
« C’est bon, bonne route »
Ils vont nous suivre encore un bon moment touts feux éteints. Bizarre ce contrôle, d’habitude cela se passe autrement.

Le vent qui est maintenant Sud Est monte un peu, on est à 12 nœuds. Je n’aime pas cela avec cette grand voile impossible à manœuvrer. Je m’y recolle et décide de forcer un peu sur le premier ris. J’observe la voile et demande à Jacky de se mettre au winch. Cà force puis tout d’un coup « Pan », la voile descends d’un seul coup et tombe sur le pont. Je me sens tout de suite beaucoup mieux. Ce matin j’ai compris, c’est le petit coinceur de nerf de chute qui a attrapé la drisse de lazzi bag et s’est coincé dedans. La fixation du lazzi bag a lâché, il va falloir monter au mat à l’escale mais ce n’est pas grave.

Quelle nuit, les dieux n’étaient pas avec nous.

Ce matin nous avons vu deux globicéphales noirs. Nous avons été à leur rencontre. Quelle grosse tête toute ronde !
Ce sont de petites baleines qui mesurent jusqu'à 6 mètres et peuvent peser jusqu'à 2 tonnes.

Je profite de ce mail pour remercier tous ceux qui laissent des messages sur mon site. Je ne peux y répondre en ce moment mais revenu à terre je répondrais à chaque mail.

Bonne journée, A bientôt

Jean Louis

PS : C’est un lac cet océan atlantique !


"Bonjour jeune homme!! Sans le savoir, tu es passé devant ma maison qui est en bord de mer à Carboneras au nord de Malaga! Bonne route et bonjour à Tanger la blanche!! Gros baisers à tous les trois !"

Envoyé par Brigitte le 11-10-2009 à 14:19



"JSalut Jean Louis, bonjour a tous les 3, je t ai envoye un long mail mais il y a eu un message d erreur provenant du serveur, je ne sais pas s il est parti ou non ?? je vous souhaitais bon vent pour la suite et vous recommandais d aller manger des chich Kebbab au petit socco a Tanger, pour l ambiance, aussi de voir le lever de soleil depuis la hauteur Est a l exterieur de Tanger, c est grandiose et l on comprend la signification de l expression " Tanger la Blanche". ( je t en avais parle avant le depart) Tanger est une ville tres interessante, un carrefour a tous points de vue, un peu comme Istanbul, j espere pour vous que vous pourrez y passer quelques jours, d ailleurs l Harmattan m a tel en douce pour me dire qu il avait envie de souffler un peu 2 ou 3 jours,car il a bien bosse et souhaite que tu le bichonnes un peu, lavage de pont, nettoyages, entretiens, niveaux d huile petites coutures, etc.. Amities a tous les 3, JL"

Envoyé par Pierrefeu Jean Louis le 11-10-2009 à 22:05



"Bonjour, le dr Verger a attiré notre attention sur votre site car je suis dialysé depuis août 2005 et je n'osais voyager car les cartons de poches et tout le petit matériel ainsi que la machine nous rebutaient pour envisager quoique ce soit. Nous pensions qu'il fallait respecter une très haute hygiène (poussière, vent et microbes, etc ..) pour éviter toute infection. Or, nous constatons que vous faites cette dialyse en plein air..... Comment avez-vous pu sur un petit bateau stocker toutes les boîtes !!!! Nous vous souhaîtons bon vent et bonne route. Nous suivrons vos messages. Bien sincèrement. Jean et DAnielle Plancot"

Envoyé par Plancot Jean le 12-10-2009 à 09:15



"En réponse à Plancot Jean : la manipulation dans l'atmosphère confinée à l'intérieur du bateau n'est probablement pas plus sûre que celle à l'air libre en haute mer. En effet il y a des études montrant que l'atmosphère en haute mer est beaucoup moins riche en germes qu'à terre. Ce qui est valable en mer ne l'est donc pas à terre. C'est une partie de l'intéret de l'aventure de Mr Clemendot, nous apprenons avec lui à adapter le traitement en fonction de conditions très spéciales et les protocoles traditionnels ne sont pas tous applicables ici. Il en est de même pour la surveillance de son poids que nous allons suivre par impédancemétrie, etc.."

Envoyé par Verger Christian le 13-10-2009 à 13:22

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