Journal de bord de l'Harmattan
Wed, 09 May 2018 23:00:00 - 25°38’N 76°58’W
N° 1128 - Une sortie aux forceps

19h00 heure locale, 23h00 TU, 1h00 J+1 en France


Bonjour Ă  tous,

Quelle nuit difficile ! Cela a commencé vers 22 heures lorsque j’ai dû
sortir de Great Bahamas Bank par le Northwest Chanel. C’est un passage
très étroit bordé de part et d’autre par de nombreux récifs très
dangereux. Je ne m’inquiète pas à priori car il y a un feu qu’il
suffit de contourner en le serrant un peu et au moins 6 routes passent
par cet endroit.

Malheureusement j’ai beau écarquiller les yeux, je ne distingue rien.
Le feu n’est pas opérationnel !!! Quelle poisse, la nuit est d’un noir
d’encre, la lune ne se lève qu’en fin de nuit. Je sors immédiatement
mon smartphone et lance la cartographie puis je passe une demi-heure
les fesses serrées en observant en permanence la cartographie du bord,
celle de mon smartphone et le sondeur.

Le sondeur me fait des sueurs froides lorsque le petit pictogramme
précisant que les fonds remontent apparaît ou bien lorsqu’il indique
des fonds commençant par 3 (mètres). Mais au bout d’une demi-heure
c’est la délivrance, les fonds passent de 5 à 18 puis 41 mètres en
quelques secondes avant que le sondeur clignote pour indiquer que les
fonds sont hors de ses possibilités (plus de 150 mètres).

Maintenant j’ai le vent sur la hanche bâbord, le bateau file et je
peux enfin couper le moteur. Mais je suis dans une zone bordée d’îles
avec un trafic de bateaux très important. Je dois rester dans le
cockpit et répondre aux très nombreuses alarmes. Cela dure 3 ou 4
heures puis il faut partir Nord Est c’est-à-dire face au vent force 4
et la houle qui va avec.

Je passe ainsi ma journée à tirer des bords sur ce plan d’eau pour
parcourir une trentaine de Miles ! C’est énervant car l’unique porte
de sortie est le Northeast Providence Channel entre Great Abaco Island
et Eleuthera Island. Quelle est longe et déprimante cette journée et
que le gain de distance par rapport aux Bermudes est faible !

Mais en fin de soirée je fini par passer cette « porte » et me voici
en eaux libres, dans l’Océan Atlantique. Que c’est bon ! Je profite
maintenant de ce vent de Nord Est pour avancer plein Est Ă  la
rencontre des vents de Sud qui vont me pousser jusqu’aux Bermudes.
J’espère les rencontrer après-demain mais les prévisions ne sont pas
d’une fiabilité remarquable.

L’option de passer par le Nord me semble compliquée car les vents
d’Ouest sont très haut en latitude et je ne veux pas passer des jours
à tirer des bords pour progresser ni remonter au près dans ce vent de
Nord Est.

Je surveille mon stock de gasoil comme le lait sur le feu. Ce midi
j’ai transféré un des réservoirs secondaires dans le réservoir
principal, j’ai consommé 120 litres depuis le départ de Cuba pour 72
heures de moteur. J’essaie toujours de tourner très lentement quitte à
me traîner par mesure d’économie et parce que cela me convient bien.

Le temps est toujours très beau, les nuits sont un peu fraîches,
peut-être 25 degrés mais, comme il fait trente degrés dans le bateau
en permanence dès que je dois sortir la nuit je passe une chemise.

Le compteur affiche ce soir 126 Miles mais je ne me suis rapproché que
de 86 Miles des Bermudes qui sont maintenant Ă  764 Miles.

A bientĂ´t


Jean-Louis
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