Journal de bord de l'Harmattan
Sat, 24 Feb 2018 15:00:00 - A Bidiyah, aux portes du désert
N° 1088 - Le Hajar Occidental



19h00 heure locale, 15h00 TU, 16h00 heure Française

Bonjour Ă  tous,

Le Hajar Occidental est le massif montagneux se situant au Nord-Ouest
de Mascate. Il est composé essentiellement du Djebel Shams qui culmine
à plus de 3000 mètres, du Djebel Akhdar et du plateau de Saiq.

Pour bien comprendre le Sultanat d’Oman il faut toujours avoir en tête
son climat si particulier fait d’une part du manque d’eau (le désert
représente les deux tiers de son territoire) et d’autre part de cette
chaleur extrême (il fait à Mascate plus de 50 degrés à l’ombre une
bonne partie de l’année).

Vous comprenez alors pourquoi les motos n’existent pas, pourquoi les
Omanais adorent aller en montagne (où la température n’excède jamais
30 degrés entre 2000 et 2500 mètres d’altitude) dans leurs 4X4
climatisés, et pourquoi il n’y a pas de trottoir à Mascate car même
pour parcourir 100 mètres on quitte un appartement climatisé pour
monter dans une voiture climatisée.

En fait, il y a de l’eau. Les djébels peuvent recevoir des orages
monstrueux. Mais du fait de la structure caillouteuse de la montagne
l’eau s’infiltre immédiatement et crée des nappes souterraines. L’eau
peut également arriver si vite qu’elle dévale en créant des canyons et
en remplissant soudainement les profondes gorges que sont les « Wadi
». Cela peut générer de grandes catastrophes.

Dû à l’extrême aridité des flanc caillouteux, du fait également des
nombreuses oasis, la montagne est parcourue en tous sens par des
pistes qui relient les minuscules villages entre eux. Dans les « Wadi
» desséchés des piscines naturelles entourées de verdure forment de
véritables paradis qui sont le but des randonnées en 4X4.

Beaucoup de villages n’ont pas d’eau et l’on rencontre en permanence
des camions citernes bleu qui se remplissent dans des structures
équipées d’une tour, telles les tours de pompier chez nous. En haut de
la tour un petit réservoir forme château d’eau. L’eau est ainsi puisée
en profondeur. Juste à côté deux portique, un petit pour les petits
camions et un plus grand pour les grands.

Les camions distribuent ensuite l’eau. Souvent d’énormes citernes
blanches sont hissées en haut d’une colline surplombant le village. Le
camion se positionne au pied de la colline puis transfère son
chargement dans la citerne. Mais j’ai vu dans le djébel un petit
camion positionné sur le bas-côté de la route au-dessus de
quelques-maison. Il sert de citerne mobile. Lorsqu’il est vide le
village n’est plus alimenté le temps d’aller remplir le camion.

La matinée a été consacrée à la visite du magnifique château de Nizwa.
Quelle forteresse imposante ! En fait c’est un fort circulaire
construit dans la cour d’un château. Le château est superbement
restauré, c’est également un musé d’exposition plus un véritable musé
vivant car dans les pièces des femmes reproduisent les gestes du
passé, cuisine, tissage, filage …

Le fort d’une taille monumentale est extrêmement impressionnant, c’est
une tour de 36 mètres de diamètre et d’une hauteur de 30 mètres. Les
fondations sont massives et descendent à 30 mètres de profondeur.
Elles comportent une énorme citerne permettant de résister à un siège
très long. L’accès à la tour se fait par un escalier truffé de pièges,
nombreux virages à angle droit avec porte de sécurité, dispositif de
déversement d’huile bouillante, trappes …

Puis nous nous sommes dirigés sur Izki pour rendre visite au vieux
village de Birkat al-Mawz. Grosse déception ! Nous avons l’impression
de nous retrouver en Turquie 40 ans en arrière. Les Omanais n’ont pas
encore tous compris l’importance touristique de préserver leur
patrimoine. Il faut savoir que la péninsule arabique est peuplée
depuis la préhistoire.

En l’occurrence les guides touristiques préconisent la visite de ce
site. C’est un vieux village fortifié construit en terre ocre sur le
flan de la montagne. Malheureusement il n’est pas entretenu et
certains s’installent dans le village en abattant des murs et en les
reconstruisant à l’aide de parpaings !!!!

Un peu plus loin nous avons pu admirer le « Falaj al-Kathmeem»
enregistré au patrimoine international de l’UNESCO. Ce système
d’irrigation a été inventé par les Omanais il y a plus de 2000 ans. Il
y en a dans tout le pays. L’eau est extraite des nappes profondes
grâce à d’ingénieux systèmes manœuvrés par les animaux (vaches, ânes,
dromadaires …) puis des canaux, certains souterrains, alimentent toute
l’oasis par la seule force de gravité.

Excusez-moi si j’ai été un peu long ce soir mais, maintenant que ma
batterie déborde d’électrons je me suis un peu lâché, c’est trop bon
de pouvoir partager tout cela.

A bientĂ´t


Jean-Louis
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