Journal de bord de l'Harmattan
Sat, 27 Jan 2018 19:00:00 - A Cormeilles en Vexin
N° 1081 - Adieu mon Ami



20h00 en France, 19h00 TU.


Bonjour Ă  tous,

Je suis encore au lit ce matin, le signal caractéristique de l’arrivé
d’un SMS me réveille. Je ne peux m’empêcher de saisir mon smart phone,
c’est bien le message que j’attendais et que je redoutais « Richard
n’est plus ».

Vous le connaissiez, je vous ai souvent parlé de lui, c’était mon Ami.
Divers sentiments me parcourent, bien sûr une très grande tristesse
mais j’ai déjà tellement pleuré lorsqu’il y a un an et demi cet
immense coup de tonnerre a explosé dans ce ciel tout bleu de Camargue.

Richard était une force de la nature, un toro Camarguais, c’était le
plus jeune d’entre nous, il venait de faire 59 ans et pétait la santé.
Une légère douleur dans la poitrine le fait consulter et on découvre
une tumeur grosse comme une orange dans un poumon ainsi que des
métastases aux reins.

Quelle injustice d’autant plus qu’il ne fume pas et vit au grand air !
J’ai tout de suite compris qu’il ne pourrait pas surmonter cette
saloperie. Immédiatement il a fallu lui enlever ce poumon puis la
maladie s’est répandue un peu partout.

Les médecins ont pourtant tenté ce nouveau traitement,
l’immunothérapie. Comme pour Johnny, ce traitement l’a remis debout et
on a tous espéré mais malheureusement les effets ne durent que
quelques mois.

Mes sentiments sont multiples aujourd’hui, la tristesse, la rage
devant l’injustice de la vie, mais également le soulagement que tout
soit terminé, tu souhaitais tellement que tout finisse, que tout
s’arrête. Tu t’es battu très fort, tu n’aimais pas perdre, mais tu
avais compris depuis un moment que l’ennemie finirait par l’emporter.

Je suis tellement heureux de t’avoir connu Richard, d’avoir partagé
avec toi tous ces moments merveilleux. Tu m’as tellement apporté
lorsque j’étais très malade ! Tu m’as fait connaître les frittes au
barbecue, le rosé « qui transpire », les côtes de bœuf cuites aux
sarments de vigne, le marquage des jeunes toros Camarguais, les
parties de boules où tu excellais…

Je n’oublierais jamais ces matins à Port Napoléon, lorsque je trouvais
une fougasse dans le cockpit d’Harmattan. Tu te levais toujours si tôt
! Et puis un jour où je n’étais pas en forme tu m’as dit « Jean-Louis
informe-toi, si c’est possible je t’offre un de mes reins ».

C’était toi, un cœur énorme que tu essayais de cacher. Lorsque j’ai
pris la mer pour traverser l’Atlantique sous dialyse tu as largué les
amarres d’Harmattan puis tu m’as suivi quelques milles avec ton bateau
Ă  moteur. Tu Ă©tais le seul ! Tu Ă©tais prĂŞt Ă  donner tout ce que tu
avais pour aider tes amis.

Il y a quelques jours tu m’as dit que tu aurais bien aimé passer
quelques jours avec moi sur Harmattan. Tu regrettais que nous n’ayons
jamais eu l’opportunité de le faire. Oui, c’est dur ce soir de faire
le constat que nous sommes passés à côté de cela. Mais c’est la vie,
on ne choisit pas, on prend ce qu’elle nous donne. Et elle nous a déjà
tellement donné en nous permettant de nous rencontrer et de passer
tous ces moments merveilleux ensemble.

Ce soir je pense à ta famille. Heureusement c’est une famille très
soudée avec tellement d’amour. Tes enfants sont là, ils vont aider
Montsé, ton épouse, qui t’a accompagné dans cette terrible épreuve. Tu
me le disais il y a quelques jours, elle t’a énormément aidé à
supporter tout cela.

Adieu mon Ami, tu auras une place dans mon cœur pour le reste de mes jours.



Jean-Louis
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