Journal de bord de l'Harmattan
Wed, 18 Oct 2017 19:00:00 - 17°51’S 80°34’W
N° 1048 - Adieu Chili

19h00 heure du bord, 23h00 TU et 01h00 J+1
en France.


Bonjour Ă  tous,

Jusqu’à 13h20, jusqu’au moment où j’ai franchie le parallèle de
latitude 18° 21’ 30s j’étais en permanence sous la responsabilité de
l’Armada chilienne. Ce parallèle délimite la frontière Nord du Chili
avec le PĂ©rou.

En effet, l’Armada assure la sécurité en mer dans toute la zone de
l’océan Pacifique au Sud de ce parallèle et jusqu’à la longitude de
l’île de Pacques qui est chilienne. Aussi il fallait reporter tous les
jours ma position aux autorités maritimes du pays. C’est Didier qui
s’en chargeait.

Ce soir j’ai donc quitté définitivement ce pays que j’ai aimé
profondément et je suis nostalgique. Des différents pays où j’ai fait
escale durant ce grand tour d’Amérique du Sud c’est l’endroit où je me
suis senti le mieux. Pour moi un pays ne vaut que par ses habitants,
les paysages ne sont rien, les gens sont tout.

Et les chiliens sont extrĂŞmement accueillants, ce sont des gens
gentils, serviables et toujours prêts à rendre service, à se défoncer
pour aider l’autre. Pour nous navigateurs, beaucoup de ces contacts
passent par nos rapports avec les autorités administratives. En contre
partie du fait qu’ils viennent nous chercher en cas de problème,
l’administration y est très tatillonne.

Mais c’est le seul pays au monde (mis à part peut-être la Malaisie) où
l’accueil a toujours été irréprochable. Les fonctionnaires reçoivent
les plaisanciers avec respect, chaleur et bonne humeur. Ils ont
d’ailleurs des consignes dans ce sens affichées sur de grands tableaux
dans tous les bureaux d’accueil.

Le Chili a un climat extrĂŞmement rude, surtout dans le Sud et je pense
que c’est cette difficulté à vivre qui rend les habitants aussi
dévoués, aussi serviables les uns envers les autres. J’avais beaucoup
aimé l’Argentine mais je dois avouer que j’ai une préférence pour le
Chili. Quelle différence avec le Brésil que je n’ai pas apprécié du
tout.

En attendant le climat n’évolue pas. Pour dormir j’ai voulu retirer
mes Damart mais je les ai remis une heure plus tard car j’avais froid
sous la couette. Et ce matin j’ai ressortie ma grosse veste en polaire
pour prendre mon petit déjeuner, la mer est à seulement 15 degrés.
C’est incroyable sous les tropiques tout de même !

Mais Harmattan avance bien, hier soir je n’arrive pas à m’endormir car
le bateau fait des petits mouvements vifs dans tous les sens. Je me
relève et sors sur le pont, le vent a forci et nous filons entre 8 et
9 N. C’est trop, je rentre mon bout de génois. Pour moi une croisière
doit être un moment de plaisir et pour cela se doit d’être
confortable. Avancer entre 6 et 7 NĹ“uds est la bonne vitesse pour mon
bateau.

Depuis de nombreux jours le bateau est entouré en permanence par 5 ou
6 hirondelles de mer. Grosses comme des pigeons, elles ressemblent Ă 
des Spitfire et filent Ă  la mĂŞme vitesse sans presque jamais un
battement d’aile. Elles passent leur temps à planer à quelques
centimètres au dessus de l’eau et à lui infliger de grandes balafres
par l’extrémité d’une aile. Je peux passer des heures à les observer.

C’est encore une bonne journée de navigation qui se termine, ce soir
le loch journalier annonce 149 Miles.

A bientĂ´t


Jean-Louis
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