Journal de bord de l'Harmattan
Sun, 15 Oct 2017 23:00:00 - 23°46’S 79°49’W
N° 1045 - Les cigales de mer

19h00 heure du bord, 23h00 TU et 01h00 J+1
en France.


Bonjour Ă  tous,

Dans l’avion qui me ramène à Santiago j’ai sorti mes derniers numéros
de « Voiles et Voiliers ». Par manque de temps j’ai toujours un peu de
retard et je commence à parcourir le numéro d’Août. Je suis
immédiatement intéressé par un article « En famille, 14 ans autour du
monde ».

L’article est agréable à lire et de nombreux sujets sont abordés, en
particulier le problème économique avec des stops de quelques semaines
à quelques mois afin de regarnir la caisse de bord. J’arrive alors sur
le problème de la santé :

« Nous avons à bord une énorme caisse de secours … et les pays que
l’on traverse possèdent tous un système de santé tout à fait correct,
de gratuit à pas cher du tout (un accouchement à Panama coûte 20
Euros). C’est ce qui nous a poussés à abandonner le système de
couverture de santé privés, qui rechignent à régler les moindres
factures »

Je suis sidéré par tant d’imprévoyance mais je dois dire que je
rencontre souvent ce type de grands voyageurs que je nomme les cigales
de mer. Effectivement dans la vie de tous les jours les problèmes de
santé sont bien souvent insignifiants mais un beau jour il peut vous
tomber un vrai problème sur le dos.

Lorsqu’on avance un peu en âge on s’aperçois que c’est même assez
fréquent et que bon nombre de copains souffrent de ce qu’on appelle
les ALD, les affections de longue durée. Heureusement, en France les
traitements qui coûtent extrêmement cher sont pris en charge par notre
assurance maladie.

Est-ce de l’imprévoyance de la part de nos cigales ou bien est-ce un
calcul de profiteur ? J’ai déjà rencontré plusieurs fois le cas de
cigales atteintes de maladie grave qui rentre en France pour se faire
soigner sachant très bien que même si elles n’ont jamais cotisé elles
seront prises en charge et que par ailleurs elles ne seront jamais
soignées dans le pays où elles se trouvent.

Mais qui paye cette médecine ? Ce sont les petites fourmis qui se
lèvent tous les matins de bonne heure pour aller au travail dans une
ambiance bien lointaine de celle des plages de cocotiers
polynésiennes. Il y a comme une injustice. Et je ne parle pas du
revenu minimum vieillesse qui fonctionne sur le mĂŞme principe, dans un
système d’assurance social collectif les profiteurs, les tricheurs (et
ils sont extrêmement nombreux) me hérissent.

J’en profite pour souligner qu’une part extrêmement importante de la
population terrestre n’a pas accès à la dialyse, la vie s’arrête. A ce
titre je vie une seconde vie, on ne choisi pas où l’on naît mais je
suis tellement heureux d’être né en France à cette époque.

Depuis hier soir le vent a bien faiblit, il est toujours de Sud mais
seulement d’une dizaine de nœuds. Du coup la mer s’est aplatie et
Harmattan avance gentiment avec le léger bruit de l’eau qui coule le
long de la coque.

Il ne fait toujours pas très chaud, je suis actuellement dans ce qu’on
appelle un climat « tempéré » (froid) mais vers minuit je vais couper
le parallèle de latitude 23° 26’ 14’’ S que l’on nôme Tropique du
Capricorne. Je ne vais pas me lever car j’ai fini par comprendre qu’il
n’y a pas de poteaux indicateurs.

Mais j’ai hâte d’être à demain matin car je serais alors sous un
climat tropical, les températures de l’air et de la mer vont bien
prendre chacune une quinzaine de degrés, je vais abandonner mes Damart
pour revĂŞtir juste un short. Que cela va ĂŞtre bon !

Seulement 100 Miles (un peu plus de 4N de moyenne) au compteur
journalier mais j’avance et tout va bien.

A bientĂ´t


Jean-Louis
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