Journal de bord de l'Harmattan
Sat, 07 Oct 2017 22:00:00 - 39°44’S 73°29’W
N° 1037 - Un frère Germain

19h00 heure du bord, 22h00 TU et 24h00 en France.


Bonjour Ă  tous,

Quel bonheur de retrouver l’océan et le voyage en solitaire ! Mes amis
m’ont aidé à larguer les amarres d’Harmattan aujourd’hui à 14h30.

Mais la journée d’hier a été chargée. En tout premier lieu je dois me
rendre en ville, Ă  la marina principale dont La Estancilla est une
annexe. Malheureusement il n’y a personne, le gérant, Jorge est parti
faire une course et je comprends que je dois attendre.

Il faut une heure avant qu’un des jardiniers se décide à lui
téléphoner. Je dois encore attendre un long moment avant qu’il
n’arrive. Malheureusement lui non plus ne parle pas anglais mais
lorsqu’il est question de payer on arrive toujours à se comprendre.

Je me rends ensuite à l’Armada où là non plus personne ne parle
anglais. Je suis bien reçu comme toujours au Chili. On me prend en
main et pendant une heure la personne tape sur son ordinateur en me
posant les questions auxquelles maintenant j’ai l’habitude de répondre
:
-Fuel : le nombre de litres de carburant que j’ai embarqué pour mon voyage
-Aqua : le nombre de litres d’eau
…

Puis, il m’explique que les autorités passeront demain matin au bateau
pour me donner mon « Zarpe », le document indispensable me permettant
de prendre la mer. Je lui demande si je dois me rendre Ă 
l’immigration, il me fait signe d’attendre puis téléphone et me dit
qu’ils passeront également demain matin.

Je n’ai plus qu’à faire l’avitaillement. Heureusement, à chaque fois
que je me suis rendu en ville j’ai emporté deux gros sacs et je suis
rentré au bateau avec quelques produits « lourds » (bière, vin, jus
d’orange, pommes de terre …). Du coup je n’ai plus qu’à rapporter les
produits frais.

Cela nécessite tout de même deux allers et retours. En repassant au
bateau je pends mon linge et relance une lessive car je veux partir en
ayant tout propre. A mon retour à 19h, lourdement chargé je découvre
que mes amis ont lancé un grand barbecue. Encore une chaude soirée qui
s’annonce.

A un moment Peter me prend à part et m’explique qu’il a perdu son père
le matin même. Mais il n’est pas malheureux, son père ne souhaitait
plus vivre, il avait 89 ans, avait perdu sa première femme, sa
seconde, sa fille, son autre garçon et il avait vécu sa vie.

Nous avons ainsi une longue et émouvante conversation. Il était très
proche de son père, il était revenu en Allemagne il y a 6 mois et
pendant 15 jours il avait passé ses journées à l’hôpital avec son père
en sachant tous deux qu’ils ne se reverraient plus ensuite.

J’aime beaucoup Peter, nous nous comprenons parfaitement et nos idées
sur la vie, sur le monde, sur beaucoup de choses sont identiques. Je
lui ai dit qu’il était mon frère Germain. Nous nous sommes promis de
nous revoir un jour Ă  Paris.

C’est pour ces belles rencontres que j’aime le voyage en bateau, le
voyage en solitaire. Lorsque nous sommes en couple c’est plus
compliqué. Et puis, encore une fois ces grands voyageurs qui
traversent les océans sont souvent des êtres d’exception.

Pour l’instant le départ est difficile, j’ai entre 15 et 20N de vent
dans le nez, la mer dans le nez, il pleut et il fait froid. Harmattan
n’est plus relié au quai et les radiateurs électriques sont rangés.
J’ai hâte d’être dans quelques jours pour retrouver le soleil et la
chaleur.

13 Miles au compteur journalier.

A bientĂ´t


Jean-Louis


"bonjour mn ami,
cette fois ça y est te voilà reparti vers de nouvelles aventures. Ton fidèle bateau a retrouvé son meilleur capitaine et tous les deux vous allez redécouvrir les saveurs et les odeurs du grand large. Profite bien de ces derniers milles qui te rapproche de Panama
bonne mer et bon vent Ă  tous les deux
je t'embrasse
bernard "


Envoyé par lannion bernard le 09-10-2017 à 07:39

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