Journal de bord de l'Harmattan
Sat, 23 Sept 2017 20:00:00 - 39°51’S 73°19’W
N° 1027 - Atterrissage difficile

17h00 heure du bord, 20h00 TU et 22h00 en France.
Marina La Estancilla

Bonjour Ă  tous,

L’arrivée sur Santiago avec le survol de la Cordillère des Andes est
un moment inoubliable. Il est 19 heures et le soleil, déjà assez bas,
colore somptueusement toutes ces montagnes enneigées. Il semble que
nous volons à très basse altitude mais il n’en est rien, ce sont les
montagnes, elles sont si élevées, l’Aconcagua sur la droite de
l’appareil culmine à 6 962 mètres !!!!

Je voyage sur « Plus Ultra », une compagnie dont je n’avais jamais
entendu parler et lors de l’atterrissage, le pilote se rate, l’avion
frappe durement le sol, rebondit et frappe Ă  nouveau le sol
violemment. Il va falloir faire des progrès.

Il faut maintenant passer la douane, bien que ne transportant pas de
cuvette de WC cette fois je ne suis pas très rassuré car ma valise est
en partie remplie de pièces pour le bateau. Heureusement tout se passe
bien et il faut maintenant arriver à prendre le bus que j’ai réservé.

Enfin, à 23h (4h heure de Paris) je suis installé dans mon bus et je
m’assoupie immédiatement. C’est un « full cama », les sièges sont
larges et confortables avec toute la place nécessaire pour les jambes
et ils s’inclinent à 135°. On ne dort pas comme dans un lit mais,
malgré tout on peut se reposer.

Le jour ne se lève qu’à 9h, une heure avant d’arriver à Valdivia. Nous
sommes dans un pays de lacs, c’est assez plat, il y a des prairies,
beaucoup de forêts, de bosquets, de genêts … Les fermes sont petites,
les maisons sont jolies, construites en planche avec des toits deux
pentes en tĂ´le.

Ce n’est pas encore tout à fait le printemps, la brume a tout envahie,
de la fumée sort des cheminées, les animaux qui pâturent ont encore
leur pelage d’hiver et les rares personnes que j’aperçois portent des
doudounes.

Je descends du bus comme prévu vers 10 heures et je pars à pieds dans
la ville. Je trouve assez rapidement ce que je cherche : un opérateur
téléphonique. Une heure plus tard je ressors avec une carte SIM et une
recharge me permettant d’avoir accès à Internet. Ouf !
Grace à Internet le téléphone est devenu indispensable dans les pays
Ă©tranger, ne serait-ce que pour la cartographie.

J’arrive à la marina vers 11h15. Bon, le bateau est à flot, c’est une
bonne nouvelle mais en approchant j’atterrie une nouvelle fois
difficilement. Ma passerelle en bois est totalement détruite, en
petits morceaux et lorsque je rentre dans le bateau c’est l’horreur,
tout est humide, tout est moisie, tout est sale.

Pourtant Harmattan est pourvu de nombreuses manches Ă  air mais ici il
pleut continuellement. Ce n’est pas si pire que lorsque j’avais
récupéré mon bateau à Tahiti mais là-bas tout avait séché très vite
avec la chaleur. De plus le courant a été coupé, merci les panneaux
solaires, ils m’ont sauvé mes batteries.

J’ouvre un placard, mes vêtements bien rangés sont verts et couvert de
tâches. C’est dur ! Lorsque je les attrape ils sont trempés, comme
lorsque l’on sort du linge de la machine après un essorage. Je prends
un chiffon et commence à frotter les cloisons, très vite il est gorgé
d’eau.

J’arrive tout de même à faire front et mes problèmes deviennent
rapidement des lignes supplémentaires sur la liste des « à faire ». Je
dois faire des courses et je repars en ville avec un restaurant pour
me remonter. Je suis dans un état second, tout mou. J’ai mal aux
pieds, aux jambes, j’ai envie de dormir.

Après ce voyage hors normes, j’ai un syndrome céphalorectal. Beaucoup
de mes lecteurs sont médecins, ils comprendront (n’est-ce pas
Pierre-Yves). Pour les autres, tous ceux qui n’ont pas eu la chance de
faire des études médicale, vous connaissez cet état. En langage
populaire je dirais que j’ai la tête dans le cul.

Il est 17h, je n’en peu plus, j’ai froid, le nez qui coule et
j’aimerais tant un grand lit dans un endroit chauffé et douillet avec
une couette bien moelleuse et bien sèche et un grand feu de bois dans
une cheminée. J’en rêve comme un chien rêve d’un os. Mais je poste ce
billet, j’avale mes médicaments et je vais me jeter sur une banquette
du carré. Je vais m’enrouler tout habillé dans un duvet trempé et me
mettre en chien de fusils jusqu’à demain matin.

A bientĂ´t


Jean-Louis
Sommaire
Commentaire
Précédent
Suivant